- Les passeurs de migrants sont devenus nombreux dans les villes côtières, surtout en raison de l'impunité et des connivences dont ils bénéficient. Sinon comment expliquer que ces passeurs opèrent au grand jour et font-fi des règles les plus élémentaires de sécurité. Et on se demande pourquoi on a trop attendu pour mettre fin à ce fléau. Mais cette fois, les choses sont devenues graves et des passeurs de migrants irréguliers, faisant l'objet de plusieurs mandats de recherche ont été interpellés à Sfax et Mahdia, a indiqué hier le ministère de l'Intérieur. Les forces de l'ordre ont également arrêté à Ben Guerdane, deux candidats étrangers à la migration irrégulière (Gouvernorat de Médenine). Le district de la sécurité nationale de Sfax-est a organisé, du 4 au 6 juin, une campagne sécuritaire contre la migration irrégulière et les réseaux qui y sont impliqués. La campagne s'est soldée par l'arrestation de trois personnes soupçonnées d'organiser une traversée vers l'Italie depuis les côtes de Aouabed (Gouvernorat de Sfax). Les unités sécuritaires ont saisi dans la maison de l'un d'entre eux, 3 moteurs de bateau électriques, une boussole, 8 bidons remplis de carburant, une somme d'argent ainsi qu'un téléphone portable. Les interpellés ont reconnu les faits. Ils ont été placé en garde à vue pour "formation d'une entente dans le but de quitter clandestinement le pays", indique le ministère de l'Intérieur dans un communiqué. Deux autres personnes recherchées par la police ont également été interpellées dans le cadre de la même campagne. Les unités sécuritaires ont aussi interpellé trois marins-pêcheurs pour construction de bateaux sans autorisation à Sidi Mansour (Sfax). A Mahdia, une patrouille de la Garde nationale a arrêté et placé en garde à vue un individu soupçonné d'organiser des opérations de migration clandestine à Melloulech (Gouvernorat de Mahdia). A Médenine, une autre patrouille de la Garde maritime au Port "El Ketef" de la délégation de Ben Guerdane (Gouvernorat de Médenine) a interpellé deux étrangers (un Guinéen et un Sénégalais) et saisi, un montant de 2207 dinars tunisiens et 500 euros. Les deux individus ont avoué leur intention de participer à une opération d'émigration clandestine au départ des côtes de la région. Enquête sur l'implication de sécuritaires Par ailleurs, le procureur de la République auprès du tribunal de première instance de Sfax a ordonné, mercredi, l'ouverture d'une enquête sur l'implication présumée d'agents de sécurité dans l'opération de migration clandestine organisée dans la nuit de samedi à dimanche (2 et 3 juin) qui a fait naufrage à cinq miles nautiques des côtes de l'île de Kerkennah (gouvernorat de Sfax), a indiqué le porte-parole des tribunaux de Sfax Mourad Turki. La même source a ajouté que le premier juge d'instruction a été chargé d'enquêter sur cette affaire suite aux informations relayées sur les réseaux sociaux autour d'une prétendue conspiration derrière l'organisation de cette tentative d'émigration clandestine qui a fini par le dramatique naufrage de l'embarcation au large de Kerkennah faisant plus de 62 morts, selon un bilan provisoire. Le ministère de l'Intérieur avait annoncé le limogeage de 10 responsables des unités de la sûreté nationale et de la Garde nationale suite à une enquête ouverte pour déterminer les responsabilités dans ce drame. Cette enquête intervient avant la décision, mercredi, du chef du gouvernement de démettre le ministre de l'Intérieur Lotfi Brahem de ses fonctions.