Plusieurs tentatives de migration clandestine et de franchissement illicite des frontières terrestres viennent d'être déjouées ces derniers temps. C'est dire que malgré le tragique accident survenu dernièrement aux larges des îles Kerkennah dernièrement, les passeurs et autres migrants clandestins poursuivent leur course vers la mort et la désolation. Seize nouveaux corps de migrants clandestins ont été repêchés, hier, portant ainsi le nombre des victimes de ce drame à 34, a indiqué le porte-parole du ministère de la Défense nationale, Belhassan Oueslati. Six corps ont été repêchés hier après-midi et dix autres le matin. Les corps étaient bloqués à l'intérieur du bateau, a-t-il expliqué, faisant remarquer que les recherches se poursuivent encore. Mobilisé dimanche sur les lieux de l'accident, le navire support de plongée "Zarzis" avait localisé l'épave de l'embarcation des émigrés clandestins et réussi à repêcher 10 corps, selon un communiqué rendu public hier par le ministère de la Défense nationale. Un autre corps a été repêché loin du périmètre du drame par un chalutier tunisien, lit-on dans le même communiqué. Le ministère de la Défense nationale avait ouvert, hier, une enquête pour déterminer les circonstances de cet accident. Les opérations d'identification des nouveaux corps se poursuivent avec un rythme soutenu, a affirmé le directeur du service de la médecine légale au CHU Habib Bourguiba de Sfax, Samir Maatoug. L'identité des victimes sera dévoilée prochainement après le parachèvement de l'autopsie, a indiqué la même source qui a ajouté que des documents officiels trouvés dans les vêtements des victimes montrent que certaines sont originaires de Bir Lahfay (gouvernorat de Sidi Bouzid) et Sbeitla (gouvernorat de Kasserine). Plusieurs membres des familles des victimes se sont rassemblés devant l'hôpital. Ils éprouvent une profonde tristesse mêlée de la colère à l'égard des circonstances de l'accident. Ce drame n'a pas dissuadé les volontaires à la migration clandestine, surtout que le beau temps de ces derniers jours offre une propice opportunité. Ainsi, au gouvernorat de Bizerte, les unités de la garde maritime qui patrouillaient sur la plage de Sidi Béchir à Ras Angela ont interpellé deux personnes, après avoir remarqué la présence suspecte de trois camions légers et un taxi de transport collectif avec plusieurs personnes à bord. Selon un communiqué du ministère de l'Intérieur, publié, dimanche, les deux individus ont avoué leur intention de participer à une opération de migration clandestine pour rallier l'Italie. Un moteur de bateau, une boussole et quatre bidons d'essence ont été également saisis. De son côté, la brigade de recherche et d'investigation de la Garde nationale de Sfax a arrêté un individu, originaire de Tataouine, qui a fait part de son intention de participer à une opération de migration clandestine depuis les côtes de Sfax. Il détenait une somme de 100 euros (environ 300 D). Un des deux organisateurs de l'opération de migration clandestine a été arrêté ainsi que cinq autres personnes, également originaires de Tataouine. A Chebba, dans le gouvernorat de Mahdia, une patrouille de la garde nationale a interpellé huit personnes à bord d'un camion qui transportait une petite embarcation, deux moteurs de bateau, une quantité d'essence et une boussole. Ils ont avoué leur intention de participer à une opération de migration clandestine depuis Salakta Pour leur part, les agents de la brigade des frontières terrestres de Ben Guerdane (Médenine) ont intercepté huit personnes qui tentaient de pénétrer, illicitement, dans le pays. La loterie de la mort fait encore des émules et toutes les mises en garde ne peuvent les en dissuader. Il revient donc aux familles de jouer ce rôle et de dissuader leurs enfants de leurs velléités d'aller vers l'aventure où la mort pourrait être au rendez-vous. Certes, la situation n'est pas florissante dans le pays, avec l'aggravation du chômage et la dégradation du pouvoir d'achat. Mais, il faut savoir raison garder et, pourquoi pas, aider les jeunes à lancer des projets, même modestes, en attendant des jours meilleurs, surtout que l'Europe n'est plus un Eldorado, comme il l'était, il y a quelques années, et que le migrant clandestin n'a d'autre choix que la mort ou la désillusion.