Sans activités depuis seize mois, le Comité politique du mouvement de Nidaa Tounes a réuni ses rangs, début de la semaine courante, et a fixé une date pour le premier congrès électif du mouvement, les 29 et 30 septembre prochain, et a désigné un nouveau porte-parole en la personne de la députée Ons Hattab au lieu de Mongi Harbaoui, député et fervent défenseur du directeur exécutif, Hafedh Caïd Essebsi. Caïd Essebsi junior ne s'est justement laissé marcher sur les pieds et a publié un communiqué où il a expliqué que les auteurs des nouvelles mesures ne sont qu'une minorité au sein du mouvement et qu'ils seront, bientôt, sanctionnés par les structures officielles du Nidaa pour les actes. Ainsi, Zohra Driss, Moncef Sellami, Sofien Toubal, Ons Hattab et tous ceux ou celles qui ont osé assister aux réunions et donné leur accord pour les nouvelles réformes risquent d'être virés du mouvement qui, si cela arrivait vraiment, en serait réduit à un petit parti dont le bloc parlementaire ne dépasserait pas une petite quarantaine d'élus. Entretemps, des dirigeants du Nidaa appartenant au clan de Hafedh ont rendu visite, mercredi dernier, au palais de Carthage pour y rencontrer le président de la République. Le lendemain de cette rencontre, la députée Lamia Mlayeh a déclaré que le chef de l'Etat ne compte pas se présenter à l'élection présidentielle de 2019 et qu'il ne soutient plus le consensus avec le mouvement d'Ennahdha, puisque l'accord premier était de s'unir autour de la même équipe gouvernementale alors qu'aujourd'hui Ennahdha continue de soutenir le gouvernement de Youssef Chahed malgré les appels à son évincement (des appels insistants du côté de Nidaa Tounes et de l'UGTT). Quelques jours après cette déclaration, l'intéressée y est revenue, sur un post sur page Facebook, pour expliquer que ses propos ont été sortis de leur contexte et que Béji Caïd Essebsi, qui bénéficie d'une grande expérience politique, selon les dires de l'élue, est actuellement préoccupé par la situation du pays et ne s'est pas encore prononcé sur les prochaines échéances électorales. En somme, la députée a tenté de nous convaincre que ce qu'elle a voulu dire jeudi dernier était juste que le chef de l'Etat ne songe pas actuellement à la Présidentielle de 2019 mais à la crise actuelle uniquement, drôle de sortie de contexte... D'autre part, des sources proches du palais de Carthage ont affirmé que les conseillers du président sont, de nouveau, divisés entre Youssef Chahed et Hafedh Caïd Essebsi. Dans son édition du jeudi, le journal arabophone «Al Chourouk» a affirmé que le conseiller politique auprès du chef de l'Etat, Noureddine Benticha, tente activement de faire échouer les nouvelles décisions du Comité politique et qu'il serait même en train de convaincre le président de la République à intervenir pour y mettre fin. Le feuilleton de Nidaa Tounes a commencé en janvier 2015 et avec le congrès de Sousse où Hafedh Caïd Essebsi a réussi, grâce à la majorité de ceux qui se chamaillent aujourd'hui, à faire main basse sur le mouvement. Les tentatives de récupération, trois ans plus tard, risquent d'avoir beaucoup de mal pour aboutir et, surtout, pour avoir de la crédibilité.