Presque rien n'a filtré de la réunion très attendue du Président de la République fondateur de Nida Tounès avec les députés de ce parti, sollicités à Carthage pour sonder toutes les intentions possibles aussi bien de BCE qui semble tenir plus que jamais à changer de premier Ministre, que celles des sensibilités au sein du groupe Nidaa Tounès au Parlement où la tentation est grande de jouer le bon cheval. Or le flou persiste, et les quelques indiscrétions qui nous sont parvenues reflètent bien le savoir-faire «diplomatique» de BCE, qui a joué tout simplement l'apaisement toutes voiles dehors. D'abord pas un mot de Ennahdha et du «Tawafouk» (consensus) qui fait l'objet d'une polémique sans précédent chez cette masse d'abstentionnistes qui avoisinent les 61% des sondés d'Emrhod pour le compte de notre journal d'avant-hier. BCE ne veut pas pousser Nidaa et Ennahdha à l'irréparable et à une séparation brutale, tant qu'il n'a pas fait le vide à la Kasbah, et tant qu'il n'a pas redonné vie au Nidaa avec une bonne remise à niveau. BCE enchaîne que les divergences entre Nidaïstes anciens et actuels sont très minimes et donc faciles à régler. Et pour cela une 2ème information. BCE a appelé à la tenue rapide du Congrès de ce parti avec toutes ses sensibilités y compris tous ceux et toutes celles, qui ont quitté le parti après le Congrès problématique de Sousse. Mais pour faire le plein, il va falloir discuter plus profondément avec les hauts cadres dirigeants, qui ont créé leurs propres formations et à leur tête Mohsen Marzouk président du « Machrou » (projet pour la Tunisie). Il va falloir décider aussi des structures dirigeantes avant le Congrès, de qui fait quoi, y compris la Direction exécutive du Parti, occupée actuellement par M. Hafedh Caïd Essebsi, fils aîné du Président. Les choses sont très compliquées, car l'électrochoc que tout le monde attend pour réanimer Nidaa Tounès, passe par la douleur des uns et des autres, ceux qui doivent partir ou changer de position et ceux qui reviennent, mais sans être assurés du leadership et d'une place de commandement pour le futur immédiat ! Tout cela sur fond de déception politique généralisée vis-à-vis de la classe politique dans son ensemble qui s'affaisse dans les sondages toutes tendances de gauche, de droite, ou même d'islamiste confondues. En effet, une analyse du contenu du dernier sondage Emrhod – Dar Assabah pour le mois de Juillet 2018, donne la plupart des leaders à moins de 3% de popularité, y compris, les Ghannouchi, les Abbou, les Hamma Hammami, etc. L'exécutif à deux têtes est lui aussi en baisse et se voit devancé d'une courte tête par Moncef Marzouki (ancien président de la République). Mais ces indications reflètent plus la «sanction» politique vis-à-vis de BCE et Youssef Chahed que d'un soutien effectif et franc à Moncef Marzouki. Finalement BCE en jouant l'apaisement espère gagner du temps, jusqu'au Congrès «reconstitutif» de Nidaa Tounès, et mobiliser ses cartes en vue d'un changement à la citadelle de la Kasbah. Tout cela va dépendre aussi du « bon vouloir » du Cheikh président d'Ennahdha, qui tient à son «gentleman-agreement» avec BCE d'autant plus que ce Tawafouk lui a été totalement favorable sur les plans interne et international. Rached Ghannouchi est loin de ne pas apprécier à sa juste valeur le coup de pousse et la «protection» de fait de BCE, alors que le Congrès américain discute depuis des mois de la possibilité de classer Ennahdha parmi le courant des «Frères musulmans», lui-même classé groupement «terroriste» et menaçant pour la sécurité nationale américaine ! Avec, Trump, l'imprévisible, (Regardez sa nouvelle position sur l'Iran) perdre le soutien de BCE, en ce moment même, n'est pas du tout le bon conseil au «Cheikh», malgré les tentations hégémoniques de son parti et de certains de ses cadres plus excités que jamais par leur «triomphe» aux dernières municipales. Ah... ces Islamistes... comme ils savent bien nager... même en eau trouble ! K.G