Tout semble l'indiquer et une petite accélération est bien engagée d'abord après des critiques franches de la gestion de Nida Tounès et son Directeur exécutif Hafed Caïed Essebsi, puis par le limogeage pur et simple d'un des « éléphants » de la scène politique et sécuritaire du pays, le Ministre de l'Intérieur, le général Lotfi Braham ! Le président du gouvernement semble rappeler ainsi aux membres de son équipe qu'il est loin d'être « l'homme en carton » qu'on mène par le bout du nez, après toutes ces crises en cascade avec les syndicats de l'UGTT et les partis proches, y compris le sien de Nida Tounès. Au-delà de la conjoncture qui a beaucoup pesé notamment après la tragédie du naufrage des « Harragas » au large de Kerkenah, avec quand même plus de 70 morts et disparus, on sentait, ça fait quelques mois, un petit coutant d'air froid entre le palais de la Kasbah et la citadelle grise bétonnée de l'Avenue Bourguiba. Lotfi Braaham s'est trouvé de plus en plus pressenti « populairement » comme l'un des projets crédibles pour une tâche majeure au sommet de l'Etat, surtout du côté, des militants anti-Nahdha, qu'ils soient structurés dans des partis politiques ou dans le tissu associatif progressiste et laïcisant, ainsi que sur la toile des facebookers, où le Ministre-démi faisait le plein. Une visite « officieuse » en Arabie Saoudite où il a rencontré l'homme fort du Royaume le prince Mohamed Ibn Salmane et le Roi lui-même, a ajouté à tout cet imaginaire d'une possible « caution » des pays du Golfe opposés au Qatar et aux partis frères musulmans alliés à Doha dont le parti islamiste Ennahdha. Mais voilà que Braham, certainement dans un souci d'apaisement de ce positionnement « fictif ou réel » d'Homme politique et sécuritaire de premier plan « anti-Nahdha », n'a pas trouvé mieux que de perdre en quelques jours et « le capital et les intérêts », après une position médiatisée au plus haut point-sur la fameuse circulaire « Mzali » et la nécessité de fermer les cafés et autres lieux publics de consommation et de restauration durant le mois du Ramadhan, par respect à « la majorité » estimée à plus de 90% de musulmans pratiquants... Une véritable aberration, tout à fait non vérifiable scientifiquement, car les pratiquants « sévères » des cultes en Tunisie n'ont jamais été « majoritaires » et cela depuis la nuit des temps. Du coup il s'est fragilisé encore plus auprès de ses « fans » qui lui ont beaucoup reproché cet appel du pied aux islamistes et à leur chef Rached Ghannouchi, toujours prompt à réaffirmer son caractère islamiste politique, militant, malgré cette grosse campagne de la « Démocratie islamique », qu'il a véhiculée, bientôt deux ans, après le fameux 10ème Congrès de Radès. L'inauguration de l'hôtel « Halel » en grande pompe et la momification du Tourisme tunisien ouvert plutôt à l'Europe occidentale, a fini par réanimer le débat sur la sincérité de Ghannouchi et le double langage plus persistant que jamais d'Ennahdha. Mais, encore une fois c'est le parti islamiste qui récolte malgré ses incohérences, justement à cause des faiblesses de ses adversaires, et leur inconsistance. A force de vouloir la caution du « Cheikh » on finit par perdre son âme et quand on perd son âme, on perd les élections ! Nida Tounès est passé par là ! Vainqueur en 2014 grâce au leadership de Béji Caïed Essebsi et son idéologie « Bourguibienne » de campagne et de conquête, il sera vaincu en Allemagne parce que incapable de mobiliser 300 voix sur plus de 36 000 possibles et disponibles, puis à nouveau vaincu aux dernières municipales où il a perdu 1 million de voix. Un naufrage de plus ! Morale de l'Histoire, aucun chat ne chasse pour le bon Dieu, et aucun politicien ne chasse pour ses adversaires, même réunis par le « Tawafouk » ( consensus) à sens unique, car il ne fait que le lit d'Ennahdha qui occupe l'espace politique mètre par mètre malgré sa défaite en 2014. Le dernier sondage Emrhod – Dar Assabah, donne encore une fois le Nida, devant, d'une courte tête, contre Ennahdha en 2019. Or il faut compter au moment décisif, avec la discipline mécanique des troupes d'Ennahdha et sur la démobilisation de plus en plus palpable, des démocrates libéraux et progressistes, qui n'adhérent plus à Nida Tounès ou qui le quittent Pour tout ces gens « indépendants », Nida a perdu cette vocation de parti aspirant au leadership et au commandement politique, puisqu'il s'accommode d'une bonne « petite » place de « second» avec Ennahdha en tête ! Youssef Chahed qui joue l'avenir devrait à notre humble avis méditer tout cela. Avoir le soutien d'Ennahdha et du « Cheikh », peut le maintenir encore à la Kasbah. Mais une fois la tempête passée, il en paiera les frais, car Ennahdha jouera ses candidats, et les démocrates « Bourguibiens » qui ont fait le printemps de Nida Tounès en 2014, auront émigré ailleurs. Alors ne soyons pas étonné d'un remake des municipales, mais en plus dramatique, car « Carthage » pourrait être capturée à nouveau par les Islamistes ! 18 mois nous séparent de Décembre 2019. D'ici...là, il fera jour !