Les médecins ne pourront plus opérer à cœur ouvert, faute de médicaments en Tunisie, ça va... Le garde du corps d'Oussama Ban Laden, relâché, après l'expiration des 15 jours règlementaires de la garde-à-vue, ça va... Des coupures d'eau à profusion par canicule dans les régions et à Tunis, ça va... Le diable s'amuse comme toujours etc. Et maintenant qu'est-ce qu'on fait ? On improvise un concert de pleureuses ou on plante un nouveau bananier pour être dans le ton ? Non ce n'est pas cette Tunisie qu'on veut laisser à nos enfants. C'est trop injuste ! Non, nous ne la reconnaissons pas. Elle a tellement changée que même les fards les plus savants n'arrivent plus à en masquer la laideur et la misère. Il reste les yeux de l'amour... Bientôt à secs à force d'avoir été mis à contribution ces derniers temps. L'amour a été mis à rude épreuve et, s'il tient encore le coup, accroché désespérément à toutes ses illusions, il n'est pas sûr qu'il terminera l'année dans ces mêmes dispositions, si aucune percée ne parvient à déchirer les nuages accumulés et qui font effet de serre jusqu'à l'étouffement. Non, ce n'est pas comme ça que l'on voyait les choses après la « révolution ». Non, nous ne cautionnerons pas plus longtemps ce désastre. Cette débâcle qui refuse de dire son nom mais qui s'affirme, à mesure, comme une catastrophe dont chacun a pu calculer l'imminence tout en misant, pour la contrecarrer, sur un sursaut qui serait salvateur, et sortirait le pays, comme par miracle, de l'ornière où il s'est enfoncé jusqu'à la gadoue, parvenant à peine à garder la tête hors du trou, dans l'espoir qu'une main responsable ne vienne lui porter secours, en lui prodiguant les premiers soins nécessaires pour sa survie, avant qu'il ne reprenne son souffle et reparte de bon pied pour un nouvel avenir. Non, nous n'avions pas le droit d'hypothéquer la Tunisie de cette façon-là. De quelque façon que cela soit nous n'en n'avions pas le droit. Sans en mesurer les risques et les périls. Sans instituer les garde-fous qui pourraient la protéger suffisamment de tous les dérapages. Qu'elle n'a eu de cesse d'accumuler avec une rare conscience professionnelle, s'applaudissant à chaque ratage, s'auto-congratulant à chaque échec avec un strabisme affirmé. Et une outrecuidance à damner tous les saints de la terre dans la foulée. Non, nous avons eu tort de faire confiance. Un pays, c'est toujours rare et précieux. Il semble qu'il y a eu des instants d'absence, il semble que nous avons oublié. Nous ne pouvons plus regarder nos enfants dans les yeux... Samia HARRAR