La journée est à marquer d'une pierre blanche pour l'avenir du pays, avec le vote de confiance pour le ministre de l'Intérieur, Hichem Fourati, dans une conjoncture marquée par des déchirements dans le principal parti au gouvernement et qui est Nidaa Tounès, pour lequel les députés se présentent en rangs dispersés. Les jeux sont faits, bien avant le vote, mais le plus grand perdant dans cette bataille est la Tunisie. Ses dirigeants actuels ont oublié qu'ils ont été élus pour la servir, mais, il semble que les intérêts personnels ont eu leur dernier mot. Les contours étaient tracés d'avance, avec chaque partie qui avait choisi son camp que ce soit pour voter pour ou contre, mais, malgré l'intervention du président de la République Béji Caïd Essebsi, les choses n'ont pas tourné de la manière qu'il espérait, avec, surtout, le mouvement Ennahdha qui lui a fait front et qui a mobilisé pour le gouvernement Youssef Chahed. La séance plénière de l'Assemblée des Représentants du peuple (ARP) consacrée au vote de confiance a démarré hier aux environs de 14H00 en présence de 168 députés et il était attendu, sauf autres considération, que l'Hémicycle marquera salle comble, au passage au vote, avec des partisans et adversaires qui veulent, chacun avoir le dernier mot. La séance plénière, présidée par Mohamed Ennaceur, président de l'ARP, qui a fait sa réapparition, s'est tenue en présence du chef du gouvernement Youssef Chahed et de Hichem Fourati. La mobilisation était à son apogée, durant les derniers jours. Le président de la République ne pouvait pas pardonner à son filleul, Youssef Chahed qui avait transgressé sa volonté et lui avait tenu tête, de même qu'il ne pouvait pas permettre que son fils Hafedh Caïd Essebsi soit évincé du parti Nidaa Tounès de cette manière, alors qu'il a tout fait pour lui léguer cet héritage. Lors des débats, les députés s'en sont donnés à cœur joie, les uns pour soutenir le gouvernement et les autres pour le dénigrer, avec force d'arguments et de paroles qui frisent l'insolence et le manque de bienséance, oubliant tous qu'ils sont impliqués dans la dégradation du pays et la crise qui y sévit. Ils n'ont en tête que les intérêts de leurs partis et, même les leurs, qu'ils soient partisans de Youssef Chahed ou parmi ses détracteurs... surtout que la critique est aisée et que l'art est difficile. La guerre ne fait que commencer et, après avoir implosé Nidaa Tounès, elle s'étend, aujourd'hui, au «consensus», entre les deux Cheikhs qui a pâti de ces divergences, jusqu'au point où, après sa rencontre, vendredi, avec le président Béji Caïd Essebsi, le président du mouvement Ennahdha s'est déplacé, hier en personne à l'Assemblée des représentants du peuple, afin de mobiliser ses troupes au profit de Youssef Chahed. Il est certain que ce consensus qui a déjà montré ses limites puisse survivre et que le gouvernement s'en aille ou reste, la fracture est grande, le pays est au vau-l'eau et son avenir est très opaque, avec une direction à deux têtes dont chacune va tenter de mettre des bâtons dans les roues de l'autre et, le pire, avec un gouvernement qui n'aura pas les coudées franches et qui sera muselé par le combat quotidien contre ses détracteurs. Tout le monde commence à penser, certes, aux élections législatives et présidentielle de 2019, mais, beaucoup d'eau coulera sous les ponts, d'ici là, et il n'est pas certain que ceux qui ont le vent en poupe, aujourd'hui, vont continuer à être au-devant de la scène, demain, parce que l'opinion publique n'est pas aveugle et la société civile ne va pas laisser dégénérer la situation de cette manière, surtout que nous ne sommes plus dans une dictature. Faouzi SNOUSSI