La présidente de la Commission des libertés individuelles et de l'égalité (COLIBE), Bochra Bel Hadj Hamida, a annoncé que le chef du mouvement islamiste d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, a refusé de rencontrer les membres de la Commission. Et d'ajouter que suite à ce refus, la COLIBE a annulé ses rencontres prévues avec les autres partis politiques pour ne pas créer de polémiques. Bochra Bel Hadj Hamida a expliqué que la réaction d'Ennahdha était prévisible surtout pour elle qui côtoie ses députés au quotidien à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Quelques heures plus tard, la position d'Ennahdha a été confirmée par sa députée et ancienne vice-présidente de l'Assemblée nationale constituante, Meherzia Laâbidi, qui a indiqué que son mouvement souhaite revenir à la jurisprudence islamique pour améliorer le rapport de la COLIBE d'autant plus que la Tunisie dispose d'une jurisprudence capable d'harmoniser ledit rapport entre les requêtes de liberté et d'égalité et les dogmes de l'islam. L'ancienne vice-présidente de l'ANC, et malgré ses efforts notables, n'a pas réussi à camoufler le vrai fond de sa pensée par rapport à ce rapport qui, pour les islamistes, ne représente qu'une nouvelle version du Code du statut personnel et leur rappelle donc leur triste passé plein de défaites. D'ailleurs, nombreux Nahdhaouis ont tout fait pour éviter de s'exprimer sur la question préférant laissant cette lourde tâche aux premiers dirigeants du mouvement. Le seul qui a échappé à cette règle est Lotfi Zeitoun qui, depuis qu'il s'est un peu éloigné des caméras, ne cesse de défendre, becs et ongles, toutes les questions portant sur les libertés individuelles ; de l'homosexualité à l'égalité de l'héritage en passant par des points encore plus sensible comme celui du viol conjugal, Lotfi Zeitoun a laissé certains croire à la sincérité du changement ‘radical' du mouvement d'Ennahdha. Toutefois, et les postes des réseaux sociaux ne sont jamais suffisant, le naturel des islamistes est revenu au galop et c'est Meherzia Laâbidi et Rached Ghannouchi qui s'en chargent personnellement. Si la première a donné la position d'Ennahdha au cours d'une déclaration radiophonique, le second a, quant à lui, choisi d'avoir recours aux grands moyens. Le chef des islamistes vient en effet de rencontrer le président de la République, Béji Caïd Essebsi, pour s'entretenir avec lui sur la situation générale du pays mais, surtout, sur la question du rapport de la COLIBE à en croire le porte-parole d'Ennahdha, Imed Khemiri. Dans une déclaration médiatique, Khemiri a expliqué que le rapport de la COLIBE s'inscrit dans le cadre du dialogue et des concertations sur les sujets économiques politiques et sociaux du pays et doit donc répondre aux règles du consensus. Si la déclaration d'Imed Khemiri est verrouillée et pleine de mystère, son sens demeure pourtant bien évident ; Ennahdha ne veut pas de ce rapport mais serait prêt, comme à son habitude, d'en discuter les points afin de sortir, lui aussi, gagnant d'une quelconque manière.