Quelques jours après la publication du rapport de la Commission des libertés individuelles et de l'égalité (COLIBE), ses membres ont été visés par de nombreuses menaces dont une, lancée par le prédicateur controversé Adel Almi, appelant à la lapidation desdits membres et à leur tête la présidente de la Commission et députée du bloc Al Watania, Bochra Belhadj Hamida. Des menaces prises au sérieux par les internautes qui ont lancé de grandes campagnes de soutien à la COLIBE et à maître Belhadj Hamida, quelques partis politiques et quelques composantes de la société civile ont pris part à cette campagne devant un silence assourdissant de la part des autorités et des représentants officiels de l'Etat. Même si aucun communiqué ni aucune déclaration officielle n'a été émise par le mouvement d'Ennahdha, son dirigeant et conseiller auprès de Rached Ghannouchi, Lotfi Zitoun, en a surpris plus d'un en soutenant, publiquement, le rapport, la Commission et ses membres. Sa collègue, Yamina Zoghlami, en a fait de même en attaquant les auteurs des menaces et des dénigrements et en rappelant qu'il est du droit de chacun de rejeter une idée ou une idéologie mais en passant, toujours, par un dialogue calme et civilisé. Pour le mouvement de Nidaa Tounès, il aura fallu attendre plusieurs jours avant que ses dirigeants ne se décident à réagir en publiant un communiqué, signé par son directeur-exécutif Hafedh Caïd Essebsi, où les menaces et les diffamations ont été dénoncées et où il a été rappelé que ces campagnes peuvent mettre en danger physique les membres de la Commission et sa présidente. Un communiqué qui s'est voulu sévère et tangent et pourtant ; la réaction de Nidaa Tounès, venue en retard, n'a apporté aucune réelle prise de position envers le rapport puisque ce dernier explique que le travail de la COLIBE demeure une proposition et rappelant que seul le Parlement dispose des prérogatives nécessaires pour apporter de tels changements au niveau de la législation tunisienne. Même si cela est tout à fait vrai, l'auteur du texte aurait pu éviter cette piqure de rappel juste pour donner encore plus de crédibilité et de pouvoir à la COLIBE. Parallèlement au communiqué de Nidaa Tounès, une autre réaction est venue mettre de l'huile sur le feu du côté de l'Université de la Zitouna qui a assuré n'assumer aucune responsabilité morale ou scientifique du rapport de la COLIBE remis, début du mois de juin, au président de la République. Les professeurs de l'Université – qui ont été consultés par la COLIBE pour être écartés du rendu final toujours selon le communiqué – publieront prochainement leur propre rapport pour relever les points qui sont en totale contradiction avec l'Islam et ses dogmes. Une réaction prévisible de la part de ceux qui ont toujours été contre les changements sociétaux connus par la Tunisie. Du Code du statut personnel au projet du Code des libertés individuelles et de l'égalité, la Zitouna peine toujours à trouver sa place dans les temps modernes. Toutefois, la lueur d'espoir nous provient du côté du Syndicat des imams qui a ouvertement soutenu la COLIBE et son rapport expliquant que les propositions de la Commission sont révolutionnaires. C'est ce qu'a déclaré le secrétaire-général du Syndicat, Fadhel Achour, qui a rappelé que seule l'Assemblée des représentants du peuple a le droit d'apporter des modifications audit rapport, faisant ainsi clairement allusion au fait que, dans un Etat civil, seules les institutions ont le droit d'intervenir au niveau des législations. Salma BOURAOUI Al Watad dénonce les accusations de mécréance Le Parti des patriotes démocrates unifié (PPDU ou Al Watad) a dénoncé les accusations de mécréance et la campagne de diffamation menée contre les membres de la commission des libertés individuelles et de l'égalité (Colibe). Dans une déclaration, Al Watad s'est dit engagé à défendre les libertés individuelles et l'égalité totale et concrète en matière des droits sociaux et économiques. Selon le parti, le travail de la COLIBE est un premier pas sur la voie du lancement d'un dialogue sociétal sur d'importants sujets de développement qui concernent la société tunisienne. Al Watad a exhorté, toutes les forces démocrates, progressistes et politiques à faire front commun pour la défense des libertés générales et individuelles et la consécration de l'égalité absolue et concrète entre les citoyens. La Commission des libertés individuelles et de l'égalité (COLIBE) avait présenté son rapport, le 8 juin courant, au président de la République. , créée le 13 août 2017 en vertu d'un décret présidentiel, a évoqué dans son rapport les grandes réformes relatives aux libertés individuelles et à l'égalité conformément aux dispositions de la Constitution, aux normes internationales des droits humains et aux orientations modernistes.