A l'occasion du 13 août, Fête de la Femme, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a tenu un discours au palais de Carthage qu'il a voulu historique au vu de son contenu important un an après la formation de la Commission des libertés individuelles et de l'égalité (COLIBE). Une Commission qui présenté, en juin dernier, un rapport de plus de 200 pages au chef de l'Etat où toutes les questions portant sur les libertés individuelles et publiques et sur l'égalité ont été soulevées avec une précision scientifique remarquable et avec des propositions diverses permettant de faire des changements prononcés en matière de droits et de libertés. Seulement voilà, Béji Caïd Essebsi a choisi de ne prendre en considération que le volet portant sur l'égalité successorale. Ainsi, l'intéressé a annoncé que l'égalité de l'héritage sera présentée, sous forme d'un projet de loi, à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) pour y être discutée. Une égalité entre l'homme et la femme avec la possibilité de garder la formule actuelle (deux parts pour l'homme et une seule pour la femme) pour ceux qui souhaitent garder la religion comme unique repère à leur légation. Bien que Béji Caïd Essebsi ait affirmé, à nombreuses reprises, que l'Etat tunisien est un Etat civil comme le stipule sa Constitution et que ceux qui affirment le contraire se leurrent, il n'a cessé de rappeler que le peuple tunisien est un peuple musulman et que toute réforme au niveau des droits et libertés doit prendre en considération cette question. De ce fait, le président de la République a estimé que le reste du contenu du rapport de la COLIBE, et surtout les points portant sur les libertés sexuelles et individuelles, doit continuer à faire objet d'un large débat sociétal pour que les réformes soient comprises et adoptées par les différentes composantes de la scène politique. Une scène politique qui a vivement été critiquée par le chef de l'Etat ou, du moins, l'une de ses importantes composantes qui n'est autre que le mouvement islamiste d'Ennahdha. Surprenant plus d'un, au vu du doux consensus qui le lie, depuis plus de trois ans, à Rached Ghannouchi, Béji Caïd Essebsi s'est indirectement pris à Ennahdha en rappelant que, malgré tout ce qui se dit, ce mouvement reste islamiste. Pour mieux appuyer ses propos, le président de la République a dévoilé qu'Ennahdha lui a adressé une correspondance officielle pour faire part de sa position quant au rapport de la COLIBE ; bien qu'il n'ait évoqué aucun détail de la correspondance en question, Béji Caïd Essebsi a clairement laissé comprendre qu'Ennahdha est opposé à ces réformes qui s'opposent à ces principes. Pensant marquer un coup politique en jouant ce mauvais tour à Ennahdha, le chef de l'Etat laisse aussi conclure qu'au final, il ne peut prendre aucune mesure audacieuse et aller vers une proposition législative prenant en considération plusieurs points du rapport de la COLIBE (dont l'abolition de l'article 230 du Code pénal qui criminalise l'homosexualité) parce que le consensus demeure plus fort que tout.