L'importation du lait pour la régulation du marché, après la dernière pénurie ne cesse d'alimenter la polémique. L'Union tunisienne de l'Agriculture et de la Pêche (UTAP) et le Syndicat des agriculteurs de Tunisie (SYNAGRI) n'ont pas manqué, à raison, de provoquer un tollé, affirmant que la décision a été prise, sans consultation ni discussions avec ces deux organisations, alors que la directrice des ressources animales du ministère de l'Agriculture, de la Pêche et des Ressources hydrauliques a affirmé le contraire et que la décision a été collective. Pourtant, le vice-président de l'UTAP, Anis Kharbache, a indiqué, mercredi, que le lait importé va coûter cher à l'Etat, surtout que l'opération nécessite d'activer la Caisse des compensations obligée de débourser pas moins de huit millions de dinars en tant que subventions pour les 10 millions de litres qui ont été importés ; Anis Kharbache a, en outre, indiqué que ce lait est vendu au prix de 1120 millimes le litre, alors que son coût réel est de 1900 millimes. Pourtant, a-t-il expliqué, il aurait suffi que l'Etat accepte une majoration du prix du lait local de moins de 200 millimes, pour dépasser la crise et sauver le système de production de lait. Toutefois, on ne peut pas omettre de dire que, dans cette situation, il y a eu des gagnants. Tout d'abord, l'entreprise qui a gagné le marché pour l'importation du lait de l'étranger et qui a trouvé une belle manne. Bien sûr, il est certain que des privilégiés ont pu obtenir ce marché et pas d'autres. En deuxième lieu, les entreprises de production laitière ont profité de l'occasion, pour augmenter d'une manière éhontée les prix de certains autres produits, notamment le fromage et, surtout, le beurre qui commence à réapparaitre sur les étals en affichant des prix exorbitants par rapport à ce qu'ils étaient. Comme d'habitude, le citoyen subit les errements des responsables politiques, comme ce fut le cas, dans le passé, avec les concentrés de tomates, avec des augmentations de près de 500 millimes le kilo. L'impunité dont bénéficient les spéculateurs et les corrompus mène vers l'inconnu, avec les opportunités offertes pour agir à leur guise, surtout en l'absence d'une vision claire et prospective des responsables, laissant la porte largement ouverte à tous les méfaits.