Produit phare de l'alimentation quotidienne des Tunisiens, le pain représente une part importante des apports en sel de la journée. Même si sa consommation tend à baisser aux fils des décennies, le pain reste une des bases de l'alimentation des tunisiens. Pendant longtemps, on s'est intéressé uniquement aux bénéfices que pouvait apporter une alimentation additionnée de sel, sans se soucier de la quantité que nous en ingérons. Or, on s'aperçoit aujourd'hui que cette quantité est bien supérieure à nos besoins réels et peut se révéler nocive. Certes, le sel est un élément incontournable de nos assiettes. Agent conservateur et exhausteur de goût, le sel a tout pour plaire au plus grand nombre. Mais si le sel est indispensable à notre organisme, il peut se révéler dangereux quand il est consommé en excès. Il peut en effet entraîner de l'hypertension artérielle et des maladies cardiovasculaires. C'est dans ce cadre que le Ministre de la Santé Imed Hammami donnera demain, au ministère de la Santé, et en partenariat avec la Chambre Nationale des Propriétaires des Boulangeries, le coup d'envoi de la généralisation du programme national de la réduction du sel dans le pain. Un accord de généralisation de la réduction progressive du sel dans le pain à raison de moins 10 % tous les six mois jusqu'à atteindre une baisse totale de 40 % sera signé entre le ministère de la santé et la Chambre nationale des propriétaires des boulangeries. Ce programme entrepris par l'Institut National de Nutrition et des Technologies Alimentaires et qui s'inscrit dans le cadre de la stratégie nationale de réduction de la consommation du sel dans l'alimentation vient suite aux études médicales qui ont montré que le Tunisien souffre de plus en plus de maladies non-transmissibles, particulièrement le diabète, les maladies cardio-vasculaire et les cancers. Toutes ces maladies découlent en grande partie, d'une alimentation riche en sel. Le pain tunisien est le plus riche en sel dans le monde, avec une teneur estimée à 1,8 g pour 100 g de pain, soit 3,6 g de sel par baguette, c'est-à-dire 200 g de pain qui est considérée comme étant la quantité moyenne consommée quotidiennement par le Tunisien. Cette quantité représente 60 à 72 % de la quantité de sel journalière recommandée par l'Organisation Mondiale de la santé –OMS- qui est de 6 g. La Tunisie est l'un des plus gros consommateurs de pain au monde et aussi l'un des pays où le pain est le plus salé. La législation tunisienne stipule que la baguette doit contenir 4,5 gr de sel mais ce chiffre est largement dépassé par les boulangers pour atteindre les 5-6 gr. Le directeur général de l'Institut National de la Consommation, Tarek Ben Jazia a indiqué, qu'en Tunisie le pain est le plus salé, parmi les pays de la Méditerranée.Selon ses déclarations, la quantité de sel dans le pain est égale à celle contenue dans un verre de 100 ml. Les médecins ont bien raison de s'inquiéter des conséquences d'une consommation abusive de sel sur la santé! Il semblerait que, chaque année, cette mauvaise habitude soit responsable de plusieurs dizaines de milliers d'accidents cardio-vasculaires dont plusieurs sont mortels. Le sodium contenu dans le sel peut avoir de multiples effets néfastes sur la santé. Un lien étroit a pu être établi entre une consommation excessive de sel et la santé.Une alimentation trop riche en sel constitue un des facteurs de risque d'hypertension artérielle et de maladies cardiovasculaires.En effet, il existe un lien direct entre l'excès de sel dans l'alimentation et l'hypertension artérielle puisque les gènes qui contrôlent la pression artérielle sont aussi ceux qui régulent la réabsorption de sel au niveau des reins. Or les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de décès dans notre pays. Plus on mange de sel et plus on augmente son risque d'accident vasculaire L'excès de sel est également reconnu pour favoriser le cancer de l'estomac. Enfin, trop de sel augmente le risque d'ostéoporose. L'Organisation mondiale de la santé recommande une consommation maximale de 5 g de sel par jour. A tel point que le ministère appelle à une réduction progressive du sel dans le pain à raison de moins 10 % tous les six mois jusqu'à atteindre une baisse totale de 40 %. Grâce à une meilleure collaboration avec l'industrie agroalimentaire et une campagne de sensibilisation auprès de la population, les objectifs fixés par les autorités sanitaires pourraient être atteints.