Le ministère de la Santé établit deux nouvelles stratégies nationales de lutte et de prévention des maladies non transmissibles (MNT) et de l'obésité. Deux stratégies complémentaires l'une pour l'autre, dont la finalité consiste à rectifier l'hygiène de vie des Tunisiens et accroître, ainsi, les chances d'une vie de qualité Réussir ces deux projets nécessite un dénominateur commun, lequel a été identifié et mis en œuvre. Il s'agit d'un programme de réduction de la consommation de trois denrées alimentaires jugées comme étant nuisibles dans le cas d'une consommation excessive, à savoir le sucre, le sel et les matières grasses. Lors de la conférence mensuelle du ,ministre de la Santé, tenue récemment à Tunis, il a été procédé à la présentation dudit programme, ses objectifs et sa méthodologie. Les experts en matière de nutrition ont expliqué à l'assistance le rapport de cause à effet entre la consommation excessive de ces denrées et l'évolution préoccupante des MNT. Obésité, maladies cardio-vasculaires et autres cancéreuses M. Mohamed Salah Ben Ammar, ministre de la Santé, a décortiqué l'état des lieux épidémiologiques des MNT. Une réalité qui dévoile les conséquences fâcheuses des mauvaises habitudes alimentaires sur la santé publique. En effet, la progression significative de l'excès de poids et de l'obésité transparaît chez les hommes comme chez les femmes. En outre, un homme sur deux et trois femmes sur quatre présentent un excès de poids. L'obésité, elle, touche un homme sur sept et une femme sur trois. Pour les enfants de moins de 18 ans, et selon les chiffres de 1996 et de 2005, le taux de surpoids a été multiplié par 5 chez les garçons et par 1,5 chez les filles. Quant à la prévalence de l'obésité, elle a carrément quadruplé chez les deux genres. D'un autre côté, la prévalence du diabète se situe à 15% contre une prévalence mondiale ne dépassant point les 10%. L'hypertension artérielle concerne un tiers des adultes et 4,7% des adolescents. Quant à l'hypertriglycéridémie, elle trouble l'équilibre métabolique de 30% des adultes. Le cancer s'aligne parmi les MNT. Il inquiète les spécialistes de la santé par une progression ahurissante. En 2010, les nouveaux cas de cancer enregistrés étaient de l'ordre de 10 800 avec un nombre global de 21 mille cancéreux et 8.500 cas de décès dus au cancer. Le ministre a conclu qu'il est désormais indispensable d'asseoir une politique nutritionnelle saine, à même de réduire via l'ajustement de la consommation du sel, du sucre et du gras, les taux d'incidence et de prévalence des MNT. Prenant la parole, Mme Jalila Ati, de l'Institut national de nutrition, a expliqué le rapport de cause à effet entre les mauvaises habitudes alimentaires, et plus particulièrement la consommation excessive du sel, du sucre et de la matière grasse, d'une part, et l'évolution des MNT, de l'autre. L'expérience des boulangers bizertins Si les nutritionnistes fixent les besoins journaliers en sel entre 1,5g et 2g par individu, le Tunisien excède de loin ces quantités pour engloutir jusqu'à 10 grammes de sel par jour. D'autant plus que 80% de cette quantité excessive sont issus de la consommation des produits agroalimentaires. L'oratrice a souligné l'urgence d'inciter les industriels du secteur agroalimentaire à respecter désormais les consignes exigées par le programme de réduction du sel, conformément aux directives des organisations internationales. Par ailleurs, l'oratrice a indiqué que le pain compte 30% du sel consommé au quotidien. Le programme de réduction du sel a déjà démarré à travers une première expérience concoctée en collaboration avec la Chambre régionale des boulangers de Bizerte. Les boulangers bizertins ont, effectivement, réduit la quantité de sel utilisée pour la préparation du pain selon les étapes préétablies par ledit programme ; une réduction de la quantité de 10%, renouvelée tous les six mois. «Les recommandations des rapports de la FAO et de l'OMS exigent la réduction de l'utilisation du sel jusqu'à 5% au lieu de 10%», souligne Mme Ati. De son côté, M. Abdellatif Marzouki, président de la Chambre régionale des boulangers de Bizerte, a affirmé que 40% des consommateurs trouvent le pain légèrement moins salé, mais tout aussi bon. Il lance, toutefois, un appel aux parties concernées pour l'instauration d'une école de boulangerie à même de garantir aux boulangers une formation nutritionnelle académique. Tout comme pour le sel, la réduction du sucre dans les produits alimentaires sera progressive. Elle s'accompagnera d'une campagne de sensibilisation. Certains suggèrent plus de contrôle sur les spots publicitaires télévisés et proposent même d'accompagner les pubs télévisées de banderoles de sensibilisation. Mme Ati a attiré l'attention de l'assistance sur les effets néfastes des acides gras Trans. Ces acides résultant de l'utilisation par les industriels de l'agroalimentaire de l'huile de palme. Les spécialistes de la nutrition recommandent l'interdiction de l'usage de cette huile et sa substitution par des acides gras saturés comme l'huile végétale, l'huile d'olive, etc.