Le Comité de défense de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi a tiré, lors d'une conférence de presse organisée au siège du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT), la sonnette d'alarme quant aux documents incriminant Ennahda dans ces deux affaires. Le parti a été accusé d'exercer des pressions sur des sécuritaires pour mettre main basse sur ces preuves d'accusation archivées dans un des recoins du ministère de l'Intérieur. Au fil des semaines, des années, on se croirait presque dans un piètre remake d'un film Hitchcockien. Sauf qu'ici, la réalité dépasse de loin la fiction, les victimes ont bel et bien perdu la vie et le suspense demeure jusqu'à ce jour et reste entier. D'annonce en annonce, de conférence de presse en conférence et de déclaration en déclaration, plus on essaie d'avancer sur ces deux affaires et plus le brouillard entourant ces deux assassinats devient dense. Un vrai labyrinthe criminel et judiciaire ! Au début du mois d'octobre, le comité de défense de Belaid et Brahmi avait dévoilé qu'Ennahdha avait réussi à mettre en place un appareil sécuritaire parallèle, chargé d'espionner plusieurs personnalités politiques tunisiennes et étrangères. D'autres révélations ont été faites, se basant sur les procès verbaux des interrogatoires de Mustapha Khedher, présenté comme un ancien militant du parti islamiste et pointé du doigt dans les deux assassinats. Aujourd'hui, le Comité de défense réitère et affirme qu'Ennahdha espionne non seulement des politiciens mais aussi des journalistes, des militaires, des juges, des avocats, le ministre de la Défense, Abdelkarim Zbidi, et même certaines stars du showbiz qui seraient épiées dans leur intimité, au sein même de leurs chambres à coucher. Par ailleurs, le parti chercherait à faire main basse sur la «chambre noire» qui contiendrait tous les documents impliquant et incriminant ses membres et militants. Des pressions seraient ainsi exercées au plus haut niveau pour vider cette pièce de son contenu et que le tout soit simplement détruit. Le Comité a rappelé que cette chambre noire a fait l'objet d'un inventaire en 2016 et menacé de poursuites judiciaires en Tunisie et à l'étranger si le moindre document venait à être perdu, esquinté ou détérioré. Un appel à intervenir a également été lancé au Président de la république et au Chef du gouvernement mais aussi au Doyen des juges d'instruction au pôle judiciaire antiterroriste afin de veiller à préserver ces précieux documents qui permettront d'avancer sur les deux dossiers et de faire le point sur les circonstances de la mort de ces deux militants de gauche.