Le comité de défense des martyrs Chokri Bélaïd et Mohamed Brahmi, ont tenu, ce mardi, une conférence de presse, à Tunis, pour présenter, comme ils en avaient fait l'annonce de nouvelles preuves incriminant, directement, un appareil secret d'Ennahdha, dans ces assassinats. Le mystère de la « chambre noire » du ministère de l'intérieur Ils ont commencé par annoncer qu'il y aurait des milliers de documents concernant les enquêtes en rapport avec les deux assassinats enfermés dans une « chambre noire », au sein du ministère de l'intérieur, avec directive de ne pas les diffuser ni les étudier, ces documents n'ont même pas fait l'objet de PV de réception, pour n'en laisser, justement, aucune trace. Ces documents ont été subtilisés de dossiers d'instruction judiciaire, avant d'être transmis au juge, selon les déclarations d'experts sécuritaires questionnés par les membres du comité de défense. A un certain moment, et alors que le ministère de l'intérieur n'était plus « totalement » contrôlé par Ennhdha, la brigade antiterroriste chapeautée par un certain M. K., aurait refusé de prendre livraison de ces documents, sur proposition d'Abderrahmen Belhaj Ali, et ce pour éviter l'ouverture d'une enquête concernant la façon dont ces documents avaient été subtilisés. Actuellement, cette chambre noire est toujours sous les verrous et les documents qu'elle contient n'ont pas pu être exploités. Mustapha Khedher, ou l'homme au centre des affaires Mustapha Khedher était un ancien membre du groupe de militaires dits de « Barraket Essahel » et qui avait purgé une peine de prison, avant d'être relâché. Le plus drôle c'est qu'il a été honoré par Moncef Marzouki, alors, même, qu'il était en prison pour son implication dans les affaires des assassinats politiques. Ce Mustapha Khedher est très proche des leaders d'Ennahdha. Il était en contact permanent, notamment, avec Ridha Barouni, membre de la Choura d'Ennahdha, et responsable financier du conseil. Ce dernier a été désigné comme étant le premier responsable au sein d'Ennahdha de cet appareil parallèle qu'elle entretenait, bien qu'il ait été lavé de ces accusations par le juge d'instruction. Car le juge d'instruction qui avait été chargé de l'affaire des assassinats aurait été cité, par Mustapha Khedher, comme étant allié à Ennahdha. Mustapha Khedher était en possession de la liste complète des sécuritaires et militaires impliqués avec le mouvement, de même qu'il possédait la liste compète des cadres sécuritaires avec leurs coordonnées et leurs fonctions. Il disposait, par la même occasion, de la liste exhaustive des grands délinquants notoires du grand Tunis, avec leurs coordonnées personnelles. Ces délinquants qui ont été impliqués dans l'attaque contre l'UGTT et contre les manifestations du 8 février. Mustapha Khedher et son rôle obscur à Ennahdha Mustapha Khedher, reconnait, par ailleurs, qu'il était chargé de gérer et de répondre au courrier personnel d'Ali Laârayedh, alors ministre de l'intérieur, alors qu'il ne faisait, même, pas partie du personnel du ministère. Ce qui laisse présumer de ses contacts étroits avec la direction d'Ennahdha et qu'il était chargé d'infiltrer l'appareil sécuritaire du pays. Par ailleurs Mustapha Khedher était chargé par Ennahdha de faire le suivi quotidien de tout ce qui état diffusé sur la presse écrite ou autre, et d'en référer tous les jours au siège d'Ennahdha à Montplaisir, auprès de Ridha Barouni, en utilisant le papier entête du mouvement, pour faire la preuve qu'il en faisait bien partie. Mustapha Khedher était, aussi, en possession d'un document expliquant comment Abou Iyadh après avoir quitté la mosquée Al Fath, s'est réfugié dans la région de Menzel Bouzelfa, où il y avait un camp d'entrainement d'Ansar Achariaâ, et où se sont entrainés des membres d'Ennahdha, et qu'il se déplaçait escorté par un policier et un agent de la garde nationale. Donc, au moment où le ministère de l'intérieur remuait ciel et terre pour retrouver Abou Iyadh, Ali Laârayedh était, très certainement, au courant de sa cachette, puisque Mustapha Khedher faisait partie de son équipe rapprochée. Mustapha Khedher ou la tête des renseignements généraux d'Ennahdha ? Des enregistrements audio ont été retrouvés chez Mustapha Khedher, et qui montraient la façon dont il récoltait les renseignements à propos des militaires, des sécuritaires, des journalistes et de tout le monde, à partir d'informateurs disséminés partout. Sur un autre plan, le comité de défense a annoncé qu'Ennahdha a organisé des formations en méthodes d'écoute et de contre écoute, en se faisant aider par les compétences du système de Ben Ali. Mustapha Khedher aurait été, à un moment donné, contacté par les services de renseignements italiens pour demander l'intervention d'Ennahdha, pour libérer un journaliste italien retenu en otage en Syrie, par Jobhet Annosra. Chose que le mouvement a réussi à faire, et a reçu, en contrepartie de cette action, des renseignements vitaux concernant l'Algérie et ses richesses gazières. Il était en outre, en possession de documents en rapport avec les assassinats des martyrs Belaïd et Brahmi, et qui prétendent que l'assassin ayant encaissé 300 mille dinars, en demandait encore autant, pour ne pas dénoncer ses commanditaires. Concernant la constitution de l'appareil secret d'Ennahdha, Khedher était en possession d'un document émanant des frères musulmans d'Egypte, qui préconisent que cet appareil, en Tunisie, devrait compter, au maximum six membres, présidés par le président du mouvement d'Ennahdha. Paris les documents concernant les frères d'Egypte, il y a le programme d'une session de formation en renseignements dirigés par deux « spécialistes égyptiens »,qui s'est déroulée à Tunis, sous le couvert d'une formation en agronomie. Mustapha Khedher était, entre autres, chargé d'espionner les chancelleries étrangères, comme celle de l'Algérie, surtout, concernant les remaniements à la tête de son armée, mais, aussi, celles des USA, où il a réussi à placer deux de ses hommes. Quel rapport avec les assassinats politiques ? En ce qui concerne les rapports de Mustapha Khedher et de l'appareil secret qu'il dirige avec les assassinats de Belaïd et Brahmi, il était en possession d'éléments montrant qu'après avoir fait sortir du pays, Abou Iyadh et Abubaker Al Hakim, il a échoué dans deux tentatives d'exfiltration, sous escorte sécuritaire, de Mohamed Aouadi, un des principaux suspects dans ces meurtres. Et pour renforcer les preuves des liens directs entre Mustapha Khedher et les leaders d'Ennahdha, trois cartes sim étrangères ont été découvertes, chez l'intéressé, qui lui servaient pour ses contacts confidentiels, notamment avec Rafik Abdesalem, Hamza Hamza, Noureddine Bhiri et Rached Ghannouchi. Les requêtes du comité de défense des martyrs Au vu de toutes ces données, l'équipe de défense des martyrs Belaïd et Brahmi, lance trois appels : * Un premier appel au ministère de l'intérieur pour ouvrir la fameuse « chambre noire » qui contient des milliers de documents dont certains concerneraient les assassinats et leur préparation, et pour confier ces documents aux instances judiciaires en charge des dossiers. * Le deuxième appel dirigé aux juges d'instruction, pour qu'ils étudient et prennent en considération, des pièces à conviction disponibles chez eux, et qui avaient été « négligés » par les anciens juges chargés des dossiers. * Un troisième appel lancé aux autorités pour vérifier les différents appels téléphoniques qui avaient été effectués dans les entourages des théâtres des deux assassinats, et de vérifier s'il n'y aurait pas entre eux, des numéros appartenant à des indics, ou des exécutants cités sur les listes de Khedher.