Peut-on dire que le mouvement Ennahdha a déjà entamé sa campagne pour les prochaines élections ? C'est ce que laisse penser la multiplication des apparitions publiques de son chef, Rached Ghannouchi qui multiplie les déclarations et les initiatives, avec le sentiment qu'il a d'être en position de force, pour imposer ses décisions, surtout face à la passivité du mouvement Nidaa Tounès enfoncé dans sa querelle fratricide avec le président du gouvernement Youssef Chahed, pour donner victoire, et quelle victoire à Hafedh Caïd Essebsi. Le dirigeant du parti Ennahdha Rached Ghannouchi s'est fait remarquer, ces derniers jours, par des prises de positions comme s'il était le seul maître à bord, narguant le président Béji Caïd Essebsi et le pouvoir exécutif, même au risque de déplaire à ses anciens alliés les Saoudiens, qu'il avait mis au banc des accusés, à propos de l'affaire du journalistes Adnane Khashoggi, assassiné au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul. Cette intrusion dans les affaires diplomatiques, au risque de faire du tort au pays ne semble pas l'avoir inquiété outre-mesure et il va, encore de l'avant pour proposer, cette fois-ci, une amnistie générale qui va céder la place à une réconciliation entre toutes les parties en Tunisie. Ghannouchi a appelé vendredi, lors d'une réunion avec les membres du bloc de son parti au parlement (68 députés), à la présentation d'une initiative d'amnistie législative générale visant à parvenir à une réconciliation complète dans le pays et à réactiver le processus de la justice transitionnelle. "Les victimes ont pleinement le droit de revendiquer leurs droits, et cette initiative ne remplace pas la justice transitionnelle et n'a pas pour but d'altérer les droits des victimes, mais vise à parvenir à une réconciliation complète dans le pays", a déclaré Ghannouchi à la presse au terme de la réunion. Au sujet du remaniement ministériel, le président du mouvement a souligné que la réunion avait mis l'accent sur la nécessité de procéder à ce remaniement, affirmant que "le mouvement participerait au prochain gouvernement sur la base du renforcement du processus démocratique en Tunisie". "Le chef du gouvernement décidera de la date du remaniement et le pays doit bientôt fermer ce dossier et agir pour résoudre d'autres problèmes", a-t-il ajouté. En réponse à une question sur un possible remaniement ministériel n'incluant pas le mouvement Ennahdha, Ghannouchi a déclaré que quiconque "pouvant former un gouvernement sans le mouvement Ennahdha a la latitude de le faire". Il a indiqué à ce propos que "la vie politique est basée sur la concurrence et que la participation au gouvernement n'est pas imposée aux partis, celui qui le désire peut le faire et celui qui le rejette le peut aussi". Concernant la Cour constitutionnelle dont l'élection a pris du retard, le leader d'Ennahdha a affirmé qu'il "importe de la mettre en place avant les élections de 2019 comme gage à la démocratie", estimant que l'absence d'une cour constitutionnelle "représente un danger pour le pays". Comme d'habitude, le mouvement Ennahdha, avec ses fins politiciens, profite de toutes les brèches laissées par son principal adversaire, actuellement, qui est Nidaa Tounès, alors que ce dernier a tous les moyens pour faire un rappel de tous ses partisans, en balayant les divergences, surtout que cela va de l'intérêt du pays… Ou bien, sommes-nous tellement idéalistes pour croire qu'il y a, encore, des politiciens parmi les opportunistes remplissant la scène, qui pensent à l'avenir de ce pays ?