Le big Data permet une véritable révolution dans le secteur de la santé, celle de la révolution digitale, étant donné qu'il permet la mutation vers une médecine personnalisée et prédictive, a affirmé hier, Mustapha Mezghenni, ingénieur et concepteur en informatique S'exprimant lors de la 22ème conférence annuelle organisée, à Beit Al Hikma à Carthage, à l'initiative du comité d'éthique médicale sur "L'éthique à l'ère des Big Data", Mustapha Mezghenni a précisé que le Big Data se caractérise par le volume, la vitesse et la variété des données. Le Big Data consiste aussi à collecter et traiter des données massives via le numérique, a-t-il dit, soulignant les opportunités que peut offrir cette nouvelle procédure, sur les plans cliniques, scientifiques, économiques et politiques. " Ce big data ou cette intelligence artificielle offre aussi la possibilité de diagnostics plus précis ainsi que des recherches assez poussées ", a ajouté le responsable, insistant à ce propos, sur sa contribution à l'optimisation des soins et des coûts, l'analyse des données de santé et le suivi médical. Il s'agit, en fait, d'une véritable évolution de la médecine curative vers la médecine préventive qui apporte, certes, un confort de vie indéniable au patient et une amélioration de l'état de santé général, a-t-il assuré. Ces avantages du Big Data ne dissimulent pas certains risques, d'après Mezghenni, qui a évoqué dans ce cadre les questions de l'éthique, de la confiance et de la souveraineté. Parmi ces risques, figurent en particulier, la menace de la confidentialité des données de santé, une atteinte au secret médical, un risque de divulgation et de commercialisation des données personnelles des patients, outre le manque de fiabilité des applications numériques et les failles de sécurité des logiciels et des systèmes informatiques, a-t-il énuméré. De son côté, Chawki Gueddes, président de l'instance nationale de protection des données personnelles (INPDP) a souligné que la protection des données personnelles dans le big data de la santé est une préoccupation des législations nationales et internationales mais aussi des protecteurs de données de par le monde. Les données de masse, l'intelligence artificielle et la patrimonialisation des données posent aujourd'hui des questions éthiques, au-delà de celles juridiques, car la technologie évolue plus rapidement que la norme juridique, a-t-il fait remarquer, estimant que la solution est de mettre en place des normes morales plus souples et évolutives capables d'encadrer les nouveautés. Le big data de santé est soumis à des règles contraignantes, dont une obligation plus stricte concernant le consentement éclairé des personnes concernées pour le traitement de leurs données. Ces données ne peuvent être traitées que par des personnes qui sont soumises à l'obligation du secret professionnel et donc médical, a-t-il fait savoir, signalant que ces personnes sont principalement les médecins et le corps paramédical. Le maître de conférences agrégé en urologie à l'hôpital Charles Nicolle, Abderrazak Bouzouita a, pour sa part, présenté la définition du dossier médical partagé qui consiste, a-t-il dit, en un projet visant à ce que chaque patient dispose d'un dossier médical informatisé reprenant toutes les données médicales du patient. Ce genre de dossier a pour but de mettre à disposition des professionnels de santé, avec l'accord préalable du patient, des informations médicales (antécédents médicaux, résultats de laboratoires d'analyses, imagerie, traitement en cours), présentant un profil médical de chaque patient. D'après le Prof. Bouzouita, la relation médecin-malade repose sur le respect des principes fondamentaux dont le respect de la vie privée et la confidentialité, l'obligation d'information du patient voire la recherche de son consentement. Il a également souligné que dans l'exercice quotidien de la médecine, les données médicales deviennent, avec l'apparition des nouvelles technologies de l'information et de la communication, plus exportables. Le Prof. Bouzouita a appelé, dans ce cadre, à mener une réflexion visant à adapter les règles éthiques existantes au nouvel environnement et à dresser un bilan de la situation en Tunisie, des projets d'informatisation des hôpitaux, des projets médico-économiques de la santé et des projets de loi en cours.