Créée il y a 2 ans, « Marhaba Mobile » est aujourd'hui la première plateforme d'accompagnement médical en Tunisie. Ces concepteurs, Amine et son père Karim Ahrès, tous deux spécialisés dans le développement de solutions informatiques, sont en train de révolutionner le domaine de l'accompagnement médical en Tunisie et promettent une plateforme qui desservira, dans le futur, tout le continent Africain. Une identité tunisienne forte « En matière de nouvelles technologies, pour vraiment comprendre les choses et savoir ce qu'on peut faire et ne pas faire, il faut passer par l'étape développement », cette phrase prononcée par le jeune entrepreneur de 27 ans, au début de l'interview accordée à Business News, montre un Amine Ahrès ayant l'aisance et la crédibilité de quelqu'un qui a de l'expérience. Après une licence en informatique appliquée à la gestion obtenue à l'IHEC de Carthage (Institut des hautes études commerciales), Amine part à Nice où, pendant plus de deux ans, il effectuera un Master en systèmes d'information à l'Université internationale Supinfo. Aussitôt son diplôme en poche, le jeune développeur, friand de nouvelles technologies, décroche un stage de 6 mois chez le géant du conseil, Accenture à Paris. Il y restera 3 années. « En gros, je faisais de l'analyse de données pour en extraire des informations à forte valeur ajoutée, et c'est précisément ce que je compte appliquer dans Marhaba. Utiliser ma compétence en « data » pour avoir un réel avantage concurrentiel par rapport aux autres agences installées sur le marché bien avant nous » nous explique-t-il. Malgré la distance, Amine reste au fil des ans, très proche de son père. Les deux hommes parlent quotidiennement, cogitent et suivent de près l'actualité technologique dans le monde. Ils observent l'avancée fulgurante que procure l'intelligence artificielle à la médecine et y voient leur futur.
« Je m'ennuyais du salariat, je voulais tenter l'entreprenariat » Début 2015, les deux hommes lancent Marhaba. Un opérateur 2.0 orienté Santé et tourisme muni d'une application mobile disponible sur « Playstore », « via laquelle le patient peut nous contacter ». « Marhaba Mobile, c'est aussi une plateforme ouverte à toutes les startups, où les développeurs qui veulent accéder à un marché, qui désirent être coachés, sont les bienvenus. Actuellement, ce que nous faisons c'est du B to B to C, c'est-à-dire que nous nous posons comme partenaires de confiance des cliniques et des patients, pour l'instant algériens. Et c'est là l'une des différences avec les agences d'accompagnement classiques. Nous orientons nos patients vers les bons spécialistes et nous assurons le suivi derrière. Plus tard avec l'IOT (Internet of Things), nous allons faire que le patient soit directement connecté au médecin sans intermédiaire et en temps réel !». Travaillant au quotidien avec les médecins algériens, l'entrepreneur de 27 ans, remarque un manque de continuité entre ces derniers et leurs confrères en Tunisie, concernant les dossiers de leurs patients. Pour remédier à ce problème conséquent, il leur propose aujourd'hui de suivre, en temps réel, les soins que reçoivent leurs patients, ici en Tunisie, à l'aide d'une application installée dans l'une des cliniques partenaires. « Concrètement, depuis l'Algérie, le médecin algérien a accès au compte rendu du médecin tunisien et même aux vidéos de l'intervention, « et c'est là qu'on parle de Big Data ».
Les données patients récoltées sont ensuite placées sur un CRM (Customer Relationship Management) hébergé chez Tunisie Telecom qui répond aux standards internationaux en matière de sécurité des données personnelle (certifiée ISO 27001). « Et puis dès que le label français HDS (Hébergeur donnée santé) arrivera en Tunisie, nous y adhérerons automatiquement, puisque nous respectons déjà son cahier des charges et ses normes. Sur ce point, nous avons décidé d'anticiper ! » révèle l'entrepreneur.
Notre vision du futur Sur ces objectifs futurs, le moins que l'on puisse dire c'est que Amine Ahres a les idées limpides : « À court terme, nous cherchons à lever des fonds pour engager une campagne marketing sérieuse afin de booster encore plus notre flux de patients. A moyen terme, nous ferons de la R&D (recherche et développement) pour marier la santé à la technologie, car c'est là la vraie valeur ajoutée ! Des agences de tourisme médical il y en a, il y'en a même qui le font très bien, mais, ce que nous veulons apporter nous, c'est la technologie, en plus. Pour y arriver, nous avons prévu de collaborer avec IBM Watson (leader de l'intelligence artificielle dans le domaine de la santé et base de données mondiale du médical), avec qui nous avons déja pris contact ».
Depuis des années, le réseau social Facebook investit beaucoup dans le domaine de la santé, un engagement porté par la femme de Mark Zuckerberg, Priscilla, qui est médecin. Un détail qui n'a pas échappé à notre développeur puisqu'il voit son entreprise devenir, dans quelques années, la porte d'entrée sur la santé africaine pour Facebook, « mais là, c'est la vision à moyen-long terme ». « L'avenir de mon entreprise je le vois essentiellement en Afrique. L'Afrique, nous devons y aller ! Nous viserons aussi le marché européen qui nous est plus accessible actuellement, étant donné les moyens dont nous disposons » souligne l'expert, avant de conclure : « Notre devise au sein de Marhaba comme son nom l'indique c'est : l'hospitalité et la confiance. Ce que nous cherchons en cette première phase, c'est que chaque Algérien qui vient en Tunisie pour des soins, se sente chez lui, car historiquement, Algérie et Tunisie étaient un seul pays, dont la capitale était Constantine. Ce qui est fou actuellement, c'est qu'un Algérien qui désire acheter un dinar tunisien doit impérativement passer par l'Euro ! ».