Les données qui n'ont pas été dévoilées sont différentes des éléments présentés par le Comité de défense et revêtent une importance capitale dans cette affaire La situation se corse et le président de la République semble vouloir aller au fond des choses, concernant les assassinats des martyrs Chokri Belaïd et Haj Mohamed Brahmi. Ainsi, après avoir reçu le Comité de défense des deux anciens députés, réuni le conseil de sécurité nationale, le voilà qu'il reçoit la veuve de Chokri Belaïd. Le président de la République a reçu, hier, au palais de Carthage Basma Khalfaoui et l'avocat Ali Khalthoum, membre du Comité de défense dans l'affaire de l'assassinat de Chokri Belaïd. Cité dans un communiqué de la présidence de la République, Ali Khalthoum a indiqué que la rencontre avec le chef de l'Etat a été l'occasion "de passer en revue les derniers développements de l'affaire de Belaïd, les obstacles rencontrés et les nouvelles révélations qui vont être incluses dans le dossier". Il a affirmé à cet égard "l'attachement du président de la République à révéler toute la vérité dans les plus brefs délais". Dans une séquence vidéo publiée sur le site de la présidence de la République, l'avocat a déclaré "les données qui n'ont pas encore été dévoilées dans ce dossier, sont différentes des éléments présentés par le Comité de défense et revêtent une importance capitale dans cette affaire. Il n'est cependant pas approprié de donner des déclarations en ce moment". Au cours d'une conférence de presse, le 2 octobre 2018, le Collectif de défense de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi ont fait état de l'existence d'une "chambre noire" au sein du ministère de l'Intérieur qui renferme des preuves en rapport avec l'assassinat des deux martyrs. Chokri Belaïd, avocat et figure de l'opposition, a été assassiné le 6 février 2013 par plusieurs balles tirées à bout portant devant son domicile. Ouverture d'une enquête judiciaire Le porte-parole du tribunal de première instance de Tunis et du Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme, Sofiane Selliti, a indiqué que le parquet a ordonné le 2 octobre dernier, l'ouverture d'une enquête conformément à l'article 31 du Code de procédure pénale, concernant les données révélées lors de la conférence de presse tenue par le Collectif de défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. Parmi ces données, l'existence d'une "organisation secrète" liée au mouvement Ennahdha, a-t-il dit. Dans une déclaration donnée lundi à l'agence TAP, Selliti a précisé que le parquet a fait appel devant la chambre d'accusation de la Cour d'appel de Tunis, de la décision du doyen des juges d'instruction au Pôle judiciaire de se dessaisir de l'affaire pour défaut de compétence. Le porte-parole du Pôle judiciaire a indiqué également qu'une ordonnance a été émise la semaine dernière pour soumettre la plainte portée par le Collectif de défense devant la justice militaire à la Brigade nationale d'enquête sur les crimes terroristes relevant de la Garde nationale d'El Aouina, et ce, après la décision de la justice miliaire de se dessaisir de l'enquête au profit du parquet de Tunis. Le député de l'Assemblée nationale constituante Mohamed Brahmi avait été assassiné le 25 juillet 2013 devant son domicile à Cité la Gazelle, à l'Ariana, quelques mois après l'assassinat de Belaïd. Le Collectif de défense dénonce Le Collectif de défense dans l'affaire Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi a précisé hier que la prise en charge par la chambre d'accusation de la Cour d'appel de Tunis du dossier entrave le parquet en l'empêchant de prendre une autre décision de quelque type que ce soit. Le ministère public se contentera, ainsi de transférer les documents en lien avec le dossier du tribunal militaire à la chambre d'accusation de la Cour d'appel. Car, pour le collectif, cette situation aura pour résultat inéluctable soit le rejet de l'appel du parquet pour vice de forme soit le choix du parquet de se rétracter en abandonnant l'appel intenté contre la décision du juge d'instruction de se dessaisir de l'affaire. Dans une déclaration, le Collectif précise qu'après avoir fait appel, le parquet a transféré le même dossier à la brigade antiterroriste relevant de la Garde nationale pour entendre les plaignants à savoir le Parti des Patriotes Démocrates Unifié et le Courant populaire. Il s'agit, selon le Collectif de deux positions contradictoires sur l'affaire de l'appareil secret du mouvement Ennahdha qu'affiche le ministère public, qu'il accuse de manipuler "la manipulation" les procédures. Et d'ajouter que le flottement dans la position du ministère public n'est plus toléré. Un flottement qui s'explique, selon le Collectif de défense, par les pressions exercées par le mouvement Ennahdha sur le procureur de la République près le pole judiciaire de lutte contre le terrorisme Béchir Akermi pour qu'il se présente candidat au poste de procureur général près la Cour d'appel eu égard à la relation étroite de cette fonction avec la reprise des investigations. Le Collectif de défense a également critiqué les déclarations faites la veille par le porte-parole du Tribunal de première instance de Tunis Sofien Selliti sur cette affaire.