–TAP – F.S. - Les pouvoirs publics ne sont pas allés de mainmorte pour augmenter le nombre des démunis, dans cette Tunisie qui ne cesse de souffrir le martyre, surtout en raison de la mauvaise gouvernance, d'une gestion chaotique et de la corruption qui sévit. Ils ont voulu augmenter les cotisations de 3%, de relever l'âge de la retraite et d'opérer, si possible, des coupes dans les pensions. Et comme, parfois, malheur est bon, il n'a pas été possible de faire passer le nouveau projet de loi. Ainsi, la solution de facilité du gouvernement n'est pas passée et il lui faut, peut-être, en chercher d'autres. L'Assemblée des représentants du peuple (ARP) a rejeté, jeudi, le projet de loi amendant et complétant la loi n°85-12 du 5 mars 1985 portant sur le régime des pensions civiles et militaires de retraite et des survivants dans le secteur public, avec 71 voix pour, 16 contre et 8 absentions. La majorité requise est de 109 voix. Cette nouvelle loi prévoit de porter l'âge de la retraite à 62 ans, de façon obligatoire pour le secteur public, avec la possibilité de prolonger d'une à cinq années pour ceux qui le souhaitent. Elle stipule également de fixer l'âge de la retraite à 57 ans, au lieu de 55, pour les personnes exerçant un métier pénible ou pour les forces de l'ordre. La loi prévoit d'autre part une hausse de 3% des cotisations sociales. Réunis en plénière, mercredi, les députés ont été unanimes à souligner que le projet de loi amendant et complétant la loi portant régime des pensions civiles et militaires de retraite et des survivants dans le secteur public n'est pas la meilleure solution pour régler la crise des caisses sociales. Ils ont appelé à la nécessité de ne plus recourir aux "demi-solutions" qui ne font qu'accentuer davantage la crise et de trouver de sources de financement pour alimenter ces caisses. Le député de Nidaa Tounès, Hassan Amri est revenu sur cette crise difficile que rencontrent les caisses sociales en raison des politiques défaillantes et les recrutements anarchiques et les indemnisations. Et d'ajouter que la caisse nationale d'assurance maladie vit également une crise suite au conflit qui l'oppose aux pharmaciens, appelant, à cet égard, à réviser la liste des maladies prises en charge par la CNAM et de rembourser les frais de certaines interventions chirurgicales. Il a, en outre, mis l'accent sur la nécessité de numériser le système d'assurance maladie et de mettre en place au plus vite l'identifiant unique. Pour le député du Front Populaire, Heykel Ben Belgacem, ce texte de loi intervient pour répondre aux diktats imposés par les bailleurs de fonds internationaux, estimant que cette loi portera davantage atteinte aux retraités. Le député du courant démocratique, Ghazi Chaouachi a, quant à lui, souligné la nécessité de mettre en place une stratégie à moyen et à long terme afin de régler la crise des caisses sociales, de régler leurs dettes et de lutter contre la corruption. D'autre part, Zouheir Maghzaoui du mouvement Echaâb a estimé que l'augmentation de l'âge de départ à la retraite va accentuer le problème du chômage et la crise financière des caisses sociales, jugeant indispensable d'élargir la base des affiliés sociaux pour remédier à cette situation et de trouver d'autres sources de financement. Le député Hassouna Nasfi du bloc El Horra a, de son côté, appelé à lutter contre l'évasion fiscale et sociale et de réviser les lois afin d'instaurer la justice sociale.