Les cheikhs de l'Université de la Zitouna et les imams prédicateurs des mosquées en Tunisie s'organisent pour empêcher l'adoption du projet de loi sur l'égalité en matière de succession et d'héritage entre l'homme et la femme, soumis à l'Assemblée des représentants du peuple, sur la base des recommandations de la commission présidentielle des libertés individuelles et de l'égalité (COLIBE). A l'appel de l'Association des imams pour la modération et contre l'extrémisme, et autres organisations à caractère religieux, des dizaines de zeïtouniens et d'imams prédicateurs des mosquées venus de toutes les régions de la Tunisie ont participé, hier, dans l'un des hôtels du Centre de Tunis, à une réunion d'information suivie d'un rassemblement de protestation à l'avenue Habib Bourguiba, contre l'initiative présidentielle à l'origine de ce projet de loi. Débutant par la récitation des versets coraniques relatifs à l'héritage dans la sourate des femmes (annissa), la réunion d'information a été marquée par une communication du cheikh zeïtounien et ancien ministre nahdhaoui des Affaires religieuses, Noureddine Khadémi, absolument hostile au principe de l'égalité en matière d'héritage entre l'homme et la femme, sous prétexte qu'elle est contraire aux commandements du Coran et aux préceptes de l'Islam, et par voie de conséquence à la constitution tunisienne qui affirme que l'Islam est la religion de l'Etat tunisien. Cependant, il s'est déclaré en faveur de l'organisation d'un référendum sur la question, car, selon lui, plus de 80% des Tunisiens s'opposent à l'application de l'égalité en matière de succession entre l'homme et la femme, sans quoi, a-t-il dit, il y a de très fortes chances pour que le projet de loi soit adopté à l'ARP par la majorité nécessaire de 109 voix. Des actions de protestation similaires vont être organisées dans l'ensemble du pays. Mais chose discutable à certains points de vue car comportant un dépassement des prérogatives, les imams prédicateurs ont été exhortés, à cette occasion, à se prononcer, ouvertement, contre ce projet de loi et contre l'égalité en matière d'héritage entre l'homme et la femme dans leurs sermons de prières devant les fidèles fréquentant les mosquées.