La finance islamique tâtonne encore en Tunisie. Une activité embryonnaire qui tarde à prendre son élan malgré la mise en place de l'arsenal juridique adéquat. Avec un total actif ne dépassant pas les 5,1% du total de l'actif du secteur, le marché bancaire tunisien compte trois banques islamiques à savoir : Zitouna Bank, Al Baraka et la Wifak Inter Bank (WIB) ancien établissement de leasing. Selon le dernier rapport de supervision bancaire de la BCT, avec un réseau de 161 agences, les BIS (banques islamiques) détiennent 5,6% du total des dépôts et 4,2% du total crédit du secteur bancaire. Le portefeuille crédit des BIS s'élève à 3 097 millions de dinars et continue de suffire principalement d'opérations Mourabaha (68,7%) et Ijara (17,1%). Les ressources des BIS ont évolué, en 2017, à un rythme soutenu au même titre qu'en 2016, soit 16,7% ou 540 MD. Les dépôts des BIS atteignent 3 573 millions de dinars et sont constitués à hauteur de 34% par des comptes à vue, de 35,9% par des comptes d'épargne et de 26,6% par des dépôts participatifs. L'encours des créances classées des BIS s'est inscrit en hausse de 14 MD par rapport à 2016 pour s'élever à 232 MD, dont 48,6% sur une seule relation. Le même rapport indique que les indicateurs de défaut des BIS sont globalement faibles avec une part des créances classées dans le total engagement qui se situe à 6,9% contre 7,7% en 2016. La part des créances classées dans le total engagement se limiterait à 3,6%. Le taux de provisionnement des BIS qui se limite à 21,5% est considéré faible. Compte non tenu de la relation su indiquée, ce taux avoisinerait les 40%. « Le PNB des BIS continue, en 2017, son amélioration pour atteindre 196 MD contre 161 MD en 2016. La structure du PNB reste dominée par la forte contribution de la marge de profit, soit 69,1% et se caractérise par une contribution en hausse des commissions dont la part dans le PNB a réalisé 18% en 2017. Le coefficient d'exploitation des BIS a enregistré un niveau plus élevé en 2017 comparativement à 2016, soit 70,9% contre 67,1% vu que les 3 banques se trouvent en phase d'expansion. Le résultat net de ces banques a connu une baisse de 33,3% en relation avec les pertes cumulées de l'ordre de 6 MD enregistrées par deux des BIS. » Par ailleurs et même si le poids de charges opératoires et d'amortissement ne cessent de peser sur la rentabilité des banques islamiques, les indicateurs de solvabilité globaux des BIS peuvent être estimés satisfaisants avec des ratios moyens de 13,3% pour le Tier 1 et 17,8%, pour le ratio de solvabilité. Les BIS respectent convenablement les exigences réglementaires en la matière.Et pour améliorer davantage les normes de solvabilité des banques islamiques, une norme de solvabilité spécifique a été adoptée. En effet, le système de rémunération des comptes d'investissement expose ces banques à un risque spécifique, désigné risque commercial déplacé. Ces spécificités ont été intégrées dans la nouvelle circulaire n° 2018-06 relative aux normes d'adéquation des fonds propres à travers l'adoption d'une formule spécifique de calcul de la solvabilité mieux adaptée aux pratiques de gestion des risques liés aux comptes d'investissement et inspirée des normes internationales de l'IFSB (Conseil Des Services Financiers Islamiques).