Créée en 1956, l'Union Nationale de la Femme Tunisienne (UNFT) a connu bien tourments au lendemain de la révolution de janvier 2011. Aujourd'hui, les choses semblent s'être tassées et le calme semble être revenu au sein de cette ONG féminine qui tente aujourd'hui de se repositionner sur l'échiquier politique en annonçant la volonté de ses dirigeantes et à leur tête la présidente Radhia Jerbi de participer aux prochaines élections législatives. « Femmes de Tunisie : où en sommes-nous huit ans après ? » C'est sous ce thème que l'UNFT a organisé un grand rassemblement hier matin à l'espace 13 août à Tunis et ce, à l'occasion de la célébration du 8ème anniversaire de la révolution. Huit ans sont en effet passées depuis que la révolution a inversé les rôles et déchu l'ancien régime qui a, pendant de longues années, pesé de tout son poids sur cet organisme féministe et en a fait un outil de propagande et de mobilisation en tirant amplement profit de ses ressources notamment humaines et de sa proximité avec les citoyennes. Complètement livrée aux mains de Saïda Agrebi, une proche du régime, l'UNFT, politisée et instrumentalisée comme jamais a ainsi connu des années sombres et a déçu beaucoup de ses anciennes membres et sympathisantes. Au lendemain de la révolution et alors que Saida Agrebi a fui le pays par peur d'être livrée à la justice et condamnée, l'Union Nationale de la Femme Tunisienne s'est retrouvée dans une impasse, au cœur de chamailleries internes, tiraillée de toutes parts et n'ayant aucune orientation claire pour les années à venir. Aujourd'hui, cet épisode houleux semble être dépassé et le calme est revenu au sein de l'ONG, présidée actuellement par Radhia Jerbi, élue en 2013 et reconduite au même poste en 2017. Lors du rassemblement organisé hier, elle a d'ailleurs lancé un message d'apaisement mais aussi d'union à l'encontre des militantes de l'UNFT et a rappelé que le combat de l'ONG pour une équité sociale et une égalité totale entre les hommes et les femmes était encore long et périlleux. Elle a également déclaré : « Après la révolution de 2011 ? nous pensions vraiment que les valeurs pour lesquelles nous nous sommes toujours battues allaient être concrétisées et consolidées. Ces valeurs sont la dignité, la liberté, la démocratie, l'égalité et la citoyenneté. Mais force est de constater que nous sommes bien loin de l'idéal auquel nous aspirions et l'espoir s'est transformé en lassitude et en déception à tel point que nombreux sont qui qualifient aujourd'hui la révolution de 2011 de révolution de la brouette pour dire que finalement elle n'a servi à rien. Les femmes tunisiennes sont tellement déçues car elles s'attendaient à un vrai changement. Malheureusement, rien de positif n'est arrivé. Au contraire, la pauvreté a augmenté et les conditions de vie de bon nombre de femmes se sont largement détériorées. » Elle a ensuite ajouté : « L'heure est grave et nous devons nous mobiliser pour sauver la situation et garantir une vie digne à toutes les femmes de Tunisie. » Si le travail associatif a fortement impacté la Tunisie post révolutionnaire et changé la donne à de multiples reprises, il est clair que cet élan s'est essoufflé et que ce modèle basé sur le volontariat a montré ses limites. C'est pourquoi de nombreuses ONG et de nombreux militants ont fait le choix de s'embarquer en politique pour avoir « plus de poids et d'impact décisionnel » nous dit-on. Tel est le cas de l'UNFT qui annonce son intention de participer aux futures élections législatives. La politique serait-elle l'unique recours et l'unique voie de ceux qui veulent changer les choses et entamer des réformes ? La réponse semble évidente...