Hommage de Youssef Chahed aux grandes militantes de l'Unft dont Mme Chadliya Bouzgarrou et Mme Radhia Haddad Noureddine Taboubi : « La résistance de l'Unft s'inscrit dans le cadre de la réforme politique et de la transition démocratique » Le chef du gouvernement a préféré garder le meilleur pour la fin : « Nous avons pris toutes les mesures nécessaires, permettant à l'Unft d'œuvrer, désormais, en bonne et due forme en tant qu'organisation nationale, et ce, sur un pied d'égalité avec toutes les organisations nationales de notre pays ». C'est ainsi que le discours de Youssef Chahed, prononcé par le porte-parole du gouvernement, M. Iyed Dahmani, vient déclarer la reconnaissance officielle de l'Etat pour l'Union nationale de la femme tunisienne lors de la tenue de la première journée de son 14ème Congrès, lequel a été baptisé Congrès de la construction. Cet événement de taille qui a démarré hier, à Hammamet, et qui prend fin aujourd'hui, décidera d'une panoplie de nouvelles mesures à même de garantir la relance réelle et réfléchie d'une organisation-phare du militantisme féminin. Il marquera d'une pierre blanche l'élection d'une nouvelle présidente, d'un nouveau bureau exécutif, d'un comité central que l'on veut élargi ainsi que l'instauration de plusieurs fonctions spécifiques au sein de l'Unft à l'instar notamment d'un service destiné aux droits humains et à la question du genre. Dans son discours, M. Chahed a rendu hommage aux militantes féminines de l'Unft dont Mme Chadliya Bouzguarrou et Mme Radhia Haddad. Il a aussi rappelé, non sans fierté, la simultanéité fort significative entre l'Indépendance, la libération de la femme tunisienne et la promulgation du CSP, lequel constitue une distinction législative et pro-féministe tunisienne dans la région arabe. La vision avant-gardiste du leader Bourguiba et le triomphe de la modernité et de l'égalité de genre continuent à enthousiasmer les décideurs tunisiens à travers le temps. Lors de son discours célébrant la Journée nationale de la femme tunisienne, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a annoncé l'imminente réforme du CSP notamment pour ce qui relève de l'égalité devant l'héritage. D'autant plus que l'annulation du décret 73, —lequel ôtait à la femme le droit de choisir un conjoint non musulman— , témoigne clairement de la détermination de l'Etat à renforcer les acquis de la femme et à mettre en application les articles constitutionnels exigeant la garantie de la liberté, des conditions d'une vie digne et de la parité entre l'homme et la femme. Dans son discours, le chef du gouvernement a ravivé la mémoire de l'assistance quant aux mesures prises par l'Etat pour la consolidation des droits des femmes. L'adoption de la loi organique pour la lutte contre la violence à l'égard des femmes et des filles représente une réelle révolution législative. « La politique tunisienne pro-féministe a réussi à immuniser la société tunisienne contre toute tentative d'ébranlement et de déstabilisation des principes pro-féministes. Il n'est point question de faire marche arrière en matière d'acquis de la femme. L'Etat tunisien, poursuit-il, sera à jamais le garde-fou contrecarrant tout discours rétrograde mettant en danger les droits et les acquis de la femme tunisienne ». La femme face à un triple combat Ces derniers servent, intrinsèquement, le renforcement des compétences féminines dont le mérite excède les seuls indicateurs honorables. D'où le rôle de la femme dans la dynamisation du processus économique et développemental. « Nous nous engageons à adapter les programmes et les projets en fonction de la valorisation et du renforcement du rôle de la femme. Nous assurerons davantage la protection de la femme active notamment celle dans le milieu rural », a-t-il ajouté dans son discours. Il a rappelé que la Tunisie mène un triple combat sans merci contre le terrorisme, la corruption et le chômage. Pour en sortir triomphante, la Tunisie devrait compter sur ses hommes et sur ses femmes. Youssef Chahed a saisi l'occasion pour rendre hommage aux femmes de la sécurité nationale. « La lutte ne se limite point au seul front militaire ou sécuritaire. Il s'agit d'un combat de longue haleine, pour le changement des mentalités. D'où la précieuse contribution de la société civile, des ONGs et de l'Unft », a-t-il précisé. Il a rétabli le mérite de l'Unft après une crise vécue six ans durant. « Nous avons pris toutes les mesures nécessaires permettant à l'Unft d'œuvrer désormais en tant qu'organisation nationale, sur un pied d'égalité avec les organisations nationales de notre pays » ; une déclaration applaudie avec ferveur et émotion car mettant fin à l'instabilité juridique et financière qu'endure l'Unft depuis les événements du 14 janvier 2011. Cette déclaration émousse l'incertitude qui intrigue les femmes tunisiennes et les « Unftistes » quant à l'expiration, en mars 2018, de la décision d'exception de l'Unft du décret 88 réglementant la gestion des associations. Redonner confiance, optimisme et perspectives Ouvrant les travaux du Congrès, Mme Radhia Jerbi, présidente de l'Unft, a tenu à remercier toutes les personnalités politiques, gouvernementales, et associatives, venues massivement pour participer au congrès et soutenir l'Unft dans une phase cruciale et prometteuse de son parcours de combattant. Ont répondu présent à l'événement M. Noureddine Ben Ticha, conseiller auprès du président de la République, M. Iyed Dahmani, porte-parole du chef du gouvernement, Mme Naziha Laâbidi, ministre de la Femme, de la famille et de l'enfance, Mme. Majdoline Cherni, ministre du Sport et de la Jeunesse, Mme Sonia Bechikh, secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Santé, Mme Sarra Ben Rejab, secrétaire d'Etat auprès du ministre du Transport, M. Noureddine Tabboubi, secrétaire général de l'Ugtt, M. Houssine Abbassi, ex-secrétaire général de l'Ugtt, Mme Raoudha Ben Sabra, représentant l'Utica, Mme Ines Ben Saad Naggara, représentant l'Utap. Ont assisté à l'aventure du congrès, également, des ambassadeurs de pays frères et amis ainsi que des représentants d'organisations internationales, œuvrant pour la promotion de la femme, dont les Unions des femmes africaines, l'Organisation de la famille arabe, l'Organisation de la jeunesse arabe, l'Union nationale des femmes d'Algérie, le Conseil féminin libanais, l'Union nationale des femmes du Maroc et l'Union féminine libyenne. Mme Jerbi a rendu hommage au leader Bourguiba qui a eu le courage et la pertinence de parier sur le mérite de la femme tunisienne. Elle a tenu également à remercier l'Ugtt pour son appui inconditionné tant dans la lutte pour la dignité que pour l'organisation du présent congrès. Mme Jerbi a indiqué que l'Unft est prête à aller de l'avant et à coopérer avec toutes les institutions et les organisations qui aspirent à contribuer à la promotion des droits et des acquis de la femme tunisienne. L'Ugtt et le flambeau de la justice sociale Prenant la parole, M. Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'Ugtt, a félicité la Tunisie pour le retour de l'Unft. « La résistance de l'Unft s'inscrit dans le cadre de la réforme politique et de la transition démocratique », a-t-il indiqué. Il a énuméré les points en commun qui unissent l'Ugtt et l'Unft, à savoir la lutte pour la dignité, l'égalité des chances, la liberté et la justice sociale. M. Taboubi a rappelé que l'Ugtt tout comme l'Unft, conteste moult faux pas, responsables de la fragilité socio-économique dont les idéologies dogmatiques et anti-égalitaires, le modèle de développement placé sous le signe de l'injustice sociale et de la marginalisation. Les deux organisations nationales plaident, en effet, pour une meilleure protection de la femme et une meilleure prise en charge sanitaire. « L'heure est à la mise en place d'un développement intégral et équitable, à l'insertion du secteur anarchique dans la dynamique économique réglementaire ainsi qu'à la promotion de l'économie solidaire », a-t-il souligné. Il a insisté, en outre, sur l'impératif de renforcer la protection de la femme agricultrice et d'inciter la femme à décrocher sa place et à avoir son mot à dire, sur un pied d'égalité avec son alter ego, l'homme, au sein du paysage politique et dans les postes de décisions. Rétablir le mérite de l'Unft passe, à son sens, par une reconnaissance gouvernementale de son statut d'organisation nationale, bénéficiant des mêmes droits et devant honorer les mêmes engagements que toutes les organisations nationales. La voix de la femme rurale De son côté, Mme Inès Ben Saâd Naggara, membre du bureau exécutif, chargée de la femme agricultrice au sein de l'Utap, a évoqué la question relative aux conditions de vie et de travail des femmes dans le milieu rural. Des femmes qui garantissent la sécurité alimentaire et la paix sociale se trouvent pourtant délestées de leurs droits les plus légitimes. Victimes de violence, d'inégalité sur fond de genre mais aussi sur fond de disparité régionale et de milieu, elles peinent à décrocher leurs droits pourtant inscrits dans la Constitution. D'où l'impératif d'opter pour des solutions radicales et salvatrices en faveur des femmes rurales et des Tunisiennes tout court.