« Bernard de la Villardière a encore frappé. Cet homme déteste notre pays et à chaque nouveau démarrage de la saison touristique, il nous porte un coup aux reins pour nuire à notre pays et dissuader les touristes de venir chez nous ». Voici un commentaire posté hier par une internaute offusquée par le contenu du documentaire diffusé par la chaîne française M6 intitulé : « Sexe et amour au Maghreb » dans le cadre de l'émission « Enquête exclusive » Concrètement, y a-t-il vraiment matière à s'offusquer ? Le documentaire diffusé dimanche soir aura beau avoir choqué et multiplié les clichés d'après les dires de certains, il n'en reste pas moins un travail journalistique en bonne et due forme réalisé par Michaelle Gagnet qui a vécu en Tunisie et qui est familière au pays. Pourquoi avoir fait un focus sur le Maghreb ? D'autres documentaires s'intéressant au même sujet en Chine et au Japon ont précédé se défend la production. Concrètement, qu'est ce qui a été dévoilé dans ce documentaire ? Les difficultés des jeunes Maghrébins à concilier traditions, coutumes et modernité en matière de sentiments amoureux et de sexualité. En Tunisie, la schizophrénie sociale a été mise à nu au fil des témoignages et les jeunes sont unanimes : malgré la vague de démocratie et le souffle de liberté que connait la Tunisie d'aujourd'hui, certains sujets restent tabous et socialement condamnables, à l'instar de la virginité. Ont-ils tort ? Non, à en croire le succès incontesté des opérations de reconstitution de l'hymen en Tunisie, des opérations qui se pratiquent désormais couramment et ne nécessitent pas des sommes astronomiques ou une quelconque autorisation parentale. C'est qu'en Tunisie, l'honneur d'une majorité de familles se résume à la virginité de leur fille et cela est encore valable dans les grandes villes comme dans les petits patelins. Résultat : nombreuses sont celles qui mènent une vie sexuelle débridée et qui, à quelques semaines de leur mariage, ont recours à des opérations chirurgicales afin d'éviter la « honte » pour leurs familles et de se faire taxer de mauvaises filles. A malin, malin et demi? Qu'eut été la Tunisie d'aujourd'hui si elle était libérée du regard accusateur de la société et le poids des traditions ? Pourquoi préfère-t-on rester dans le déni plutôt que d'affronter la vérité et parer aux dépassements en tous genres ? Pourquoi accuse-t-on une émission française de porter atteinte à l'image de la Tunisie si elle dévoile un pan de la vérité et oublie-t-on que d'autres écrivains et producteurs tunisiens, à l'instar de Jamel Makni et son documentaire « Hymen National » ou encore Nedra Ben Ismaïl et son livre « Vierges ? La nouvelle sexualité des Tunisiennes », se sont intéressés au même sujet, soulevé les mêmes interrogations et tiré les mêmes conclusions ? Apparemment, les Tunisiens ont oublié que nous sommes dans une ère de globalisation et qu'il n'est plus possible de demander à des journalistes ou à des artistes de ne pas fouiner dans notre « cuisine interne ». Aujourd'hui, plus aucun pays ne s'appartient plus et la règle d'or du buzz est de justement pointer du doigt les tabous et les non-dits en agrémentant le tout de témoignages de citoyens lambda pour en faire une matière journalistique « respectable » …