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Tunisie : Rester vierge ou se refaire une virginité ?
Publié dans Tekiano le 04 - 07 - 2012

Dans « Vierges ? La nouvelle sexualité des Tunisiennes » l'auteure et psychanalyste Nédra Ben Smaïl aborde la question de la revirgination qui touche la Tunisie comme le reste du monde arabe. Interview.
Tekiano : Vous avez une approche psychologique, sociale et culturelle du phénomène de revirgination, selon vous quel est le principal enjeu de cette pratique aujourd'hui en Tunisie?
Nédra Ben Smail : La pratique de la revirgination est un phénomène de société qui concerne la Tunisie mais aussi les communautés maghrébines des pays d'Europe et touche beaucoup de femmes du monde arabe. C'est l'ampleur du phénomène qui interpelle. Il matérialise la «déchirure» socioculturelle que vit la société tunisienne et les sociétés arabo-musulmanes en général : à l'intersection même de la culture traditionnelle et de la culture moderne.
Si l'on considère l'ampleur des demandes de revirgination, on peut se demander pourquoi l'hymen occupe cette place centrale, vitale, dans le rapport des sexes: cela pose autant la question du champ des représentations de la femme et de son sexe que celui du «positionnement» de l'homme arabo-musulman dans son rapport à la femme. Il me semble que le véritable enjeu c'est la rupture épistémologique qu'introduit la médecine : «l'offre» médicale a tout simplement subverti le tabou de la virginité (le sang de la première défloration n'est plus une preuve de «virginité»), créant une nouvelle "normalité", celle des rapports sexuels hors mariage, mais aussi la fin de la perte définitive de l'hymen après un 1er rapport sexuel : il y a là une "production" de sens nouveau.
Tekiano : Peut-on assimiler la pratique à une certaine perte de la valeur matrimoniale et du concept de virginité comme "principe"?
Nédra Ben Smail : La virginité n'emporte plus l'adhésion de nombreuses Tunisiennes d'aujourd'hui, mais elles restent soumise à cette exigence incontournable qu'impose la culture arabo-musulmane: elles ont intégré l'exigence des hommes en ce qui concerne la virginité et ne veulent pas risquer d'hypothéquer leur avenir d'épouse et de mère, ni heurter des parents qui "ne comprendraient pas". Mais en même temps, le recours à la revirgination indique qu'une majorité des tunisiennes a choisi de vivre une sexualité hors mariage, réalisant ainsi un «arrangement» entre soi et Dieu, tout en se conformant à la structure patriarcale du collectif : la médecine leur permet ainsi de se présenter à la société et à elles-mêmes, comme vierge, moderne et musulmanes.
Le recours massif à la revirgination est la «réponse» de la science à une nécessité de la vie moderne, qui permet à la femme une vie sexuelle sans attendre le mariage, tout en protégeant l'équilibre social patriarcal.
Tekiano : Pourquoi y-a-t-il une augmentation de cette pratique en Tunisie surtout ces dernières années?
Nédra Ben Smail : Il est vrai que l'on peut s'étonner de rencontrer en Tunisie autant de demandes de revirgination, une société qui a pourtant depuis plus de 50 ans abandonné de nombreux «archaïsmes» (mixité dans l'espace public, code du statut personnel,...) ; cela signifierait que malgré tout l'arsenal juridique que connait notre pays en faveur des femmes, la relation à la sexualité et au tabou de la virginité, n'aient pas tellement changé. Cependant, par la «sécurité» offerte par la médecine, le recours à la revirgination permet à la femme d'individualiser un corps qui appartenait jusque là tout entier à la communauté. Les femmes s'autorisent donc une vie amoureuse et sexuelle sans attendre l'âge du mariage (en moyenne 30 ans !) tout en sachant qu'elles pourront toujours recourir à la médecine pour "se refaire une virginité".
Tekiano : Dans votre conclusion vous vous posez la question de savoir si cette pratique n'encourage pas la permanence du préjugé, qu'en est-il des femmes qui assument avoir eu une relation sexuelle avant le mariage et se retrouvent célibataires?
Nédra Ben Smail : S'il est vrai qu'une large majorité des femmes tunisiennes a décidé de vivre une sexualité hors mariage (tout en recourant secrètement à la revirgination au moment du mariage), rares sont celles qui l'"assument" au risque de rester célibataires. C'est cette contradiction qui nous permet légitimement de nous poser la question de savoir si la revirgination ne participe pas à la pérennisation de l'exigence de virginité, si elle ne s'oppose pas au travail de transformation de la société qui ne peut se faire que sous le poids des tensions ; empêche-t-elle la société de se confronter à sa réalité (âge du mariage, mixité, etc.) ? Ou si au contraire, la revirgination est une étape qui ouvrira à un nouveau rapport des sexes et à une nouvelle relation à la sexualité en général et au tabou de la virginité en particulier.
Propos recueillis par Lilia Blaise
Crédit-photo : Cérès éditions
Nédra Ben Smail
Cérès éditions, 188 p., 12.900 DT.
A Lire :
- Bernard Guetta, l'optimiste des révolutions arabes
- «La révolution confisquée» : Enquête et révélations sur une année de transition en Tunisie


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