La Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI) devrait tenir son prochain congrès, soit le 10e, du 20 au 22 février, à Ouagadougou, en «pré ouverture» du FESPACO. Une occasion pour nous de revenir sur cette Fédération historique et militante. Du 20 au 22 février prochain, la capitale burkinabè devrait accueillir le congrès de la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI), et ce, en marge du Festival panafricain du cinéma et de la télévision (FESPACO). Organisme créé en 1970 après qu'un groupe des cinéastes africains dont un Tunisien, à savoir Férid Boughédir, en ait décidé de sa naissance en 1969, la FEPACI est financée par des cotisations des associations membres, par des subventions, et parfois des fonds. Ses deux principaux objectifs sont la défense des intérêts des cinéastes africains et la promotion du cinéma africain dans sa généralité et des cinémas africains dans leurs particularités. Car chaque pays africain possède un cinéma qui lui est propre. Entité morale à but non lucratif, la FEPACI est, donc, composée des professionnels du cinéma et de leurs organisations nationales. Son siège est fixé à Ouagadougou, au Burkina Faso. Politisée mais dans le sens militant du terme, la FEPACI «reflète l'engagement des cinéastes pionniers qui se sont consacrés au processus de décolonisation. Les cinéastes africains ont rédigé la fameuse Charte d'Alger adoptée à l'unanimité le 18 Janvier 1975 au deuxième congrès de la FEPACI à Alger, pour manifester leur soutien à la résistance et lutte contre l'héritage du colonialisme. L'accent a été mis non seulement sur la lutte pour la "décolonisation de l'esprit", mais aussi sur la solidarité et le soutien à toutes les luttes en cours pour la liberté dans les pays africains qui n'ont pas encore acquis leur indépendance». Rappelons que, dans ce sens, le cinéma a été un instrument important contre l'apartheid, qu'il a un rôle à jouer dans le développement du continent et qu'il renforce la paix. Depuis sa création, la FEPACI a été la voix continentale des cinéastes provenant de diverses régions d'Afrique et de la diaspora, tissant «de solides liens avec les organismes nationaux et les membres affiliés pour tirer le meilleur des politiques et des programmes d'action, ainsi que des projets de développement et de stimulation d'un environnement favorable pour tous les genres du cinéma et de l'audiovisuel en Afrique». Malheureusement, beaucoup de cinéastes africains ne sont pas encore totalement conscients de l'importance de cette fédération panafricaine. Un secrétaire général mis à mal Le dernier congrès de la FEPACI, tenu du 03 au 05 mai 2013 à Johannesbourg (Afrique du Sud), avait pour thème «la transformation institutionnelle de la FEPACI répondant aux politiques, stratégies et programmes de l'industrie du cinéma au 21ème siècle», car, comme l'avait signalé, à l'époque, la Secrétaire générale sortante, la Sud-Africaine Seipati Bulane-Hopa, «le moment était venu pour que les Africains se lèvent et mettent sur place une stratégie». Mais voilà, il y a une perpétuelle guerre de pouvoir entre cinéastes africains francophones et anglophones ; chacun pensant que sa vision est la meilleure, mais également entre cinéastes de même zone linguistique. D'ailleurs, suite à l'élection du cinéaste (francophone) malien Cheick Oumar Sissoko au poste de Secrétaire général, cela a été une véritable guerre sourdine et d'usure. On a accusé le réalisateur de ne rien faire. Or Cheick Oumar Sissoko avait tout un programme, comme l'appel «à une mobilisation effective des cinéastes au sein de leurs associations nationales respectives», donner des «instructions aux associations affiliées à se conformer aux exigences de structures viables et crédibles, en ayant un siège propre et un compte bancaire auprès d'une institution panafricaine», «réaliser une étude prospective relative à l'élaboration des fondements d'une politique cinématographique commune», préparer «la rédaction d'un Code Africain du Cinéma et de l'Audiovisuel», établir un «plan de large diffusion des films primés aux JCC et au FESPACO», «la professionnalisation envisagée, dans une logique de métiers, visant à développer les compétences, les savoir-faire des différents opérateurs, et en même temps créer des emplois», ainsi que le soutien aux jeunes cinéastes. Mais voilà, en juillet 2013, le Comité d'Orientation Transitoire, dirigé par Férid Boughédir, décide illégalement de créer une association indépendante. Cette tentative a été considérée comme maladroite car elle ne participe pas au renforcement et à la cohésion de la FEPACI. Cheick Oumar Sissoko a, de nouveau, été mis à mal par la suite, car certains cinéastes anglophones lui ont attribué l'entière responsabilité de la lenteur intervenue pour les négociations et la signature d'un nouvel accord de financement pour 4 ans. Or fin 2013, le Kenya, qui devait aider la FEPACI, avait signé l'agrément de financement mais n'a pas donné de suite. Projection de «Les baliseurs du désert» restauré Ce nouveau congrès de la Fédération Panafricaine des Cinéastes, qui sera le 10e, devrait être axé sur les statuts et le règlement intérieur de la FEPACI. Il devrait voir l'élection du Conseil exécutif, la mise en place du Conseil consultatif et l'ouverture du siège fédéral. D'autre part, la FEPACI organiserait une série de projections de films restaurés, et ce, dans le cadre du partenariat entre la Cinémathèque de Bologne, la World Cinema Foundation et l'UNESCO. Parmi ces films, «Les baliseurs du désert» de Nacer Khémir. Rappelons que ce long métrage, réalisé en 1984, est le premier d'une trilogie. Les deux autres sont «Le collier perdu de la colombe» (1991) et «Bab'Aziz, le prince qui contemplait son âme» (2005). «Les Baliseurs du désert», restauré et numérisé par la Cinémathèque royale de Belgique, conte l'histoire d'un instituteur nommé dans le Sud tunisien, et plus exactement dans un village où il n'y a pas d'école. Sur la route qui l'emmène à son lieu de fonction, des hommes apparaissent : ce sont les baliseurs du désert…