Le nouveau coronavirus porte des coups de plus en plus rudes aux Américains, et ses victimes "préférées" appartiennent à la communauté noire. Les statistiques qui commencent à remonter de plusieurs Etats sont très parlantes, le pourcentage de Noirs décimés par la pandémie est particulièrement alarmant dans le sud du pays et dans la grande ville de Chicago. Cette large morbidité s'explique par la pauvreté qui frappe cette partie de la population, dont découlent de gros problèmes de santé et un manque d'accès aux soins. Les Etats-Unis dans leur globalité, fortement malmenés par le Covid-19, viennent de franchir des caps extrêmes : 1 940 morts en une seule journée, la pire mortalité quotidienne dans le monde depuis le début de l'offensive épidémique, et environ le quart des cas de contamination officiellement déclarés sur la planète, précisément 396 223, c'est à dire 29 609 personnes infectées en plus en 24 heures. Les Noirs, plus pauvres, frappés en majorité L'Etat de New York reste le plus éprouvé par la pandémie; son record à lui est de 731 nouveaux morts en un jour, ce qui fait monter le bilan à 5 489 habitants décédés en tout. Cet Etat n'a pas l'habitude de publier des statistiques ethniques, bien que ce soit le cas pour de nombreuses autres juridictions. Les chiffres déjà fournis montrent clairement que les Noirs sont donc les plus douloureusement touchés et sont sur-représentés au niveau des décès. Dans l'Illinois, 42% de ceux qui ont succombé aux assauts du Covid-19 sont membres de la communauté afro-américaine, communauté qui ne représente pourtant que 14% de la population de l'Etat. Dans le sud, les données sont également catastrophiques : en Caroline du Nord, si les Noirs constituent 22% de la population, ils subissent 31% des décès provoqués par le coronavirus. En Louisiane, si les Afro-Américains représentent 33% des habitants de l'Etat, ils atteignent jusqu'à 70% des victimes de la maladie. A Chicago - la troisième ville la plus peuplée des Etats-Unis, au nord-est de l'Illinois -, moins d'un tiers des habitants sont noirs, mais tragique paradoxe, ils constituent 72% des morts du Covid-19 dans la métropole. "C'est à couper le souffle !", s'est inquiétée, la maire, Lori Lightfoot. Plus de comorbidité, moins d'accès aux soins Les explications sont relativement faciles : des inégalités socio-économiques, historiques aux Etats-Unis, aggravent l'impact de la pandémie sur les Afro-Américains, beaucoup n'ont qu'un accès limité aux soins et par conséquent sont moins dépistés. Les médecins s'accordent aussi à dire qu'ils ont plus de diabète, d'hypertension et de maladies cardiovasculaires, qui sont des facteurs aggravants. Des emplois de service qui "tuent" Des études montrent également que les couvertures médicales des emplois de service, majoritairement assurés par des travailleurs noirs, sont bien inférieures à celles d'autres postes mieux payés. Pourtant, ces petits boulots exposent bien plus au danger du Covid-19. Ils sont plus souvent chauffeurs de bus, ils prennent plus les transports en commun, ils travaillent plus dans les maisons de retraite, les magasins et les supermarchés L'organisation américaine de défense des minorités Lawyers' Committee for Civil Rights Under Law vient d'adresser un courrier au secrétariat américain à la Santé, qui peut se résumer en une petite phrase : "Beaucoup d'Américains noirs (...) n'ont pas le privilège de pouvoir se confiner à la maison".