* Les banques appelées à davantage de réactivité mais surtout d'éthique En cette période de crise, alors que tout le monde appelle à l'union et à la nécessité d'un consensus national pour faire face à cette pandémie et endiguer ses effets collatéraux, l'éternelle relation conflictuelle entre les banques et leurs clients, qu'ils soient particuliers ou entreprises refait surface. Malgré la batterie de mesures exceptionnelles prises par la BCT pour voler au secours des entreprises en difficulté mais aussi pour préserver le pouvoir d'achat des consommateurs, chefs entreprises et particuliers tirent à boulets rouges contre les institutions financières bancaires et non bancaires. Aujourd'hui l'opinion publique fait de plus en plus appel à l'indulgence des institutions financières et surtout à la réactivité des banques dans l'application des circulaires de la BCT. Mais qu'en-est-il de la stabilité du secteur bancaire et financier ? Comment peut-il se prémunir contre le risque systémique ? Les entreprises, les professions libérales, les particuliers et plusieurs corps de métiers continuent de crier aux haros appelant les autorités et surtout les banques à parer au plus pressé pour éviter le fiasco. Le gouvernement a mis à la disposition des banques une enveloppe de 300 MD au titre de soutien aux entreprises en difficulté. Nos institutions financières, pilier de l'économie sont plus que jamais appelées à faire preuve de célérité mais surtout de commodité sans pour autant mettre en danger la stabilité d'un secteur stratégique. La contribution totale du secteur bancaire et financier dans l'effort national de lutte contre le Covid 19 a atteint 112 millions de dinars. Pourquoi pas un « Un guichet covid 2019 » auprès des banques, et des lignes de crédits à taux d'intérêt bonifiés Anis Wahabi expert-comptable et Secrétaire Général de l'Union tunisienne des Professions libérales nous a affirmé le rôle prépondérant joué par le secteur bancaire dans le financement de l'économie et dans le refoulement des ressources propres de l'Etat. Il a rappelé que le montant total de l'impôt sur le bénéficie payé par le secteur bancaire s'élève à 430 millions de dinars, soit 11% du total de l'impôt sur les sociétés (IS) et que les crédits accordés aux professionnels et aux particuliers ont totalisé en 2018 des montants respectifs de 65 milliards de dinars et de 23,9 milliards de dinars. Toutefois, en cette période de guerre contre le Covid 19, le secteur bancaire et financier est appelé à redoubler davantage d'efforts, de faire des « sacrifices » et de consentir un effort supplémentaire pour venir en aide à une économie en détresse. Il appelle les institutions de crédits à mettre à la disposition des professions libérales (Avocats, médecins, architectes et experts-comptables) des facilités de caisse de 30 mille dinars pour payer entre autres les salariés, les loyers et autres charges fixes. Il a déploré l'adynamie, l'attentisme et le défaut de communication du secteur bancaire en cette période de crise. Il a à juste titre salué la réactivité de la BCT après son appel lancé dans la soirée du lundi sur le plateau d'Attassia, exhortant l'autorité de régulation à agir vite pour assurer la mise en application effective des mesures exceptionnelles décrétées dans cette période critique. D'ailleurs, lors d'une réunion extraordinaire tenue par le Comité de Surveillance Macro-prudentielle et de Gestion des Crises Financières relevant de la BCT, l'accent a été mis sur la nécessité d'intensifier la concertation et la coordination pour garantir la stabilité du secteur financier et le prémunir contre les risques systémiques. Et le Mobile Banking ? Anis Wahabi a appelé par ailleurs la BCT à mettre en place des outils exceptionnels, notamment en faveur des entreprises. Il propose la création auprès des banques, d'un guichet spécial « un guichet covid 19 » qui permettra aux banques, d'accorder aux entreprises des lignes de crédits à taux bonifiés et des mesures exceptionnelles de refinancement. Anis Wahabi a mis l'accent également sur le rôle que pourrait jouer le mobile banking en cette période de confinement général, s'interrogeant sur les causes à l'origine du retard observé dans ce domaine. Or c'est une alternative qui aurait beaucoup aidé à assurer la distance sociale exigée et à faciliter les opérations financières. Bref, aujourd'hui, il n'y a plus de place pour l'orthodoxie financière. L'impact humain de la crise sanitaire est indéniable mais l'économie n'est pas en reste. Devrons-nous laisser de côté les questions de rééquilibrage budgétaire, et les mesures urgentes d'économies sur la masse salariale prônées par le FMI, pour se concentrer sur le sauvetage de l'appareil productif tunisien ? C'est la question qui tue…