Le ministère de la Santé a mis sur pied un comité scientifique pour mener des recherches sur l'utilisation du plasma des personnes déclarées comme guéris du Covid-19 à des patients malades, afin de leur transmettre une immunité face au virus. La méthode connue depuis la fin du XIXe siècle fait l'objet d'essais cliniques dans plusieurs pays et constitue un réel espoir de traitement. Traiter les personnes atteintes du Covid-19 en leur transfusant du plasma de patients convalescents ? La sérothérapie, qui a été a largement été déjà utilisée durant l'épidémie de grippe espagnole de 1918, mais aussi de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) en 2003, de H1N1 en 2009, de MERS en 2012 et d'Ebola en 2014, pourrait bientôt être utilisée dans le traitement du nouveau coronavirus en Tunisie. « Un comité scientifique composé de professeurs et de médecins spécialisés, étudie les aspects scientifiques, éthiques et logistiques du traitement du Covid-19 par le plasma que certains pays, comme les Etats-Unis, la Chine et la France, ont déjà adopté dans le cadre d'essais cliniques », a déclaré la directrice générale du Centre national de transfusion sanguine, Hamida Slama, à l'agence TAP. Le concept consiste à en la transfusion de plasma de patients guéris du Covid-19 à des patients malades. L'opération consiste prélever du sang sur des patients guéris. Le sang récolté sera ensuite débarrassé des globules rouges, des globules blancs et des plaquettes pour obtenir du plasma. Composé à 91% d'eau, ce dernier contient notamment des nutriments, des lipides, mais aussi des anticorps spécifiquement dirigés contre le Covid-19. Une fois le plasma injecté aux patients, les anticorps IgG (immunoglobulines G) ayant servi à combattre l'infection par le SARS-CoV-2 pourraient aider les systèmes immunitaires des personnes malades à se défendre plus efficacement. Certaines conditions sont toutefois nécessaires pour assurer le succès et la sécurité de la sérothérapie : le donneur de sang doit être déclaré guéri depuis deux semaines et il ne doit pas présenter d'autres facteurs pathogènes susceptibles d'infecter le receveur, notamment les maladies virales à transmission sanguine comme l'hépatite B ou C ou encore le VIH. Le patient ne doit pas avoir été placé en réanimation. Il doit être à moins de huit jours de l'apparition des premiers symptômes, et sa pneumonie ne doit pas avoir entraîné d'intubation. Des essais encourageants Dans le monde, les Chinois ont été les premiers à essayer l'utilisation du plasma des patients guéris du nouveau coronavirus pour tenter de sauver de malades sévèrement atteints. Un premier essai clinique mené mi-février sur 11 patients dans un hôpital de Wuhan s'est révélé efficace. Un autre essai mené en Chine sur une dizaine de cas sévèrement atteints par le SARS-CoV-2 a montré le potentiel de la sérothérapie dans le traitement du coronavirus, selon une étude publiée dans le journal de l'Académie américaine des sciences (PNAS). Un à trois jours après la transfusion de 200 millilitres de plasma, ces patients ont tous vu leurs symptômes (en particulier la fièvre, les difficultés respiratoires, la toux et les douleurs de poitrine) disparaître ou diminuer. Chez certains patients, une diminution plus ou moins importante des lésions pulmonaires a été également été observée. L'étude précise toutefois que l'expérience comporte une limitation importante : Tous les patients traités ont, en parallèle, reçu un traitement antiviral. La possibilité que ces médicaments auraient pu contribuer à la guérison des malades n'est donc pas exclue. En Suisse, une poignée de patients hospitalisés et qui présentaient une progression pouvant conduire à une forme sévère de la maladie, n'ont pas été transférés en soins intensifs après avoir bénéficié d'un traitement à base de plasma. Et last but not least, a maire adjointe de Moscou, Anastasia Rakova, a déclaré mardi que trois personnes infectées par le Covid-19 se sont rétablies après une transfusion de plasma contenant des anticorps. «Deux patients qui avaient reçu un don de plasma ont été autorisés à quitter l'hôpital après un séjour de dix jours, tandis qu'une troisième personne a quitté l'hôpital au bout de 14 jours après avoir subi des tests de dépistage de coronavirus qui se sont révélés négatifs.», a indiqué la responsable dans une déclaration à la presse. La responsable a estimé que cette procédure pourrait augmenter le nombre de survivants au coronavirus et aider à lutter contre la pandémie. Certains épidémiologistes pensent d'ores et déjà que l'immunisation passive via le plasma des malades guéri pourrait même faire l'objet d'un usage prophylactique et représenter une bonne option, notamment pour le personnel soignant quotidiennement exposé au virus ou pour les catégories sociales à risque, comme les personnes âgées ou immunodéprimés.