LE TEMPS - Le ministre des Affaires étrangères, Noureddine Erray, a déclaré que les politiques relatives à la diaspora tunisienne étaient incohérentes. C'était un dossier particulièrement "complexe", notamment "du point de vue du contenu et de l'organisation", et ce, en raison de "l'absence d'une vision globale" et du peu d'intérêt accordé à cette communauté établie à l'étranger, a-t-il estimé, jeudi, au Palais du Bardo, au cours d'une séance de dialogue avec le gouvernement. Le ministre des Affaires étrangères n'y va pas de mainmorte à propos de l'héritage qu'on lui avait laissé, au sein de son département qui, comme ce n'est plus un secret pour personne, avait perdu son aura, avant les gouvernements qui se sont succédé. Mieux encore, il a fait son mea culpa devant les députés qui n'ont pas trouvé mieux que d'enquiquiner les nouveaux ministres, pour passer le temps, avec des questionnements qui n'ont pas lieu d'être, dans ces circonstances spéciales. Toutefois, Noureddine Erray a consenti de plier à ces caprices et a répondu sans gants à des questions aussi bêtes que l'on peut s'attendre, auprès d'élus du peuple qui n'ont pas autre chose à faire qu'empoisonner l'ambiance de belle manière. Dans sa réponse aux interventions des députés, Noureddine Erray a indiqué que le ministère des Affaires étrangères est en train de travailler sur "un projet de stratégie nationale" en la matière. "La crise liée à la pandémie du coronavirus a démontré l'importance de ce genre d'action stratégique et dévoilé plusieurs lacunes et difficultés qui auraient pu être évitées s'il y avait eu une politique d'Etat relative aux Tunisiens établis hors de Tunisie", a-t-il estimé. Il a précisé que la diplomatie tunisienne a, depuis l'indépendance, réalisé de grandes avancées et accompli un gros travail. Mais, aujourd'hui, "il faut la revoir" et en changer les approches. Et d'ajouter que depuis sa nomination à la tête du département des Affaires étrangères, il a été décidé d'adopter un processus de réforme, touchant en particulier l'action diplomatique, et ce, à travers une vision prospective et stratégique qui vise à la rendre beaucoup plus efficace, de manière à répondre aux attentes des Tunisiens et à défendre leurs intérêts. D'autre part, Noureddine Erray a rappelé que le ministère des Affaires étrangères a tout mis en œuvre, en cette conjoncture économique délicate, pour mobiliser des fonds et la logistique nécessaires au profit du secteur de la santé, auprès des bailleurs de fonds internationaux. Il a tenu à rappeler que son département ne travaille pas uniquement sur le dossier des Tunisiens bloqués à l'étranger, mais traite d'autres questions délicates et stratégiques. "Il ne faut surtout pas mettre en doute les efforts de l'Etat dans le traitement du dossier des Tunisiens bloqués à l'étranger", a-t-il soutenu, relevant que la Tunisie a, dès le début de la pandémie, décidé de rapatrier ses ressortissants et a, à cet effet, mis en place une commission au sein de la Présidence du gouvernement chargée de la gestion de cette crise. Il a rappelé que la priorité a été, notamment, donnée aux Tunisiens non-résidents et à ceux dont les contrats de travail ont été résiliés. La Tunisie n'est pas contre le retour, au pays, des Tunisiens établis à l'étranger, mais le règlement de cette question demande encore quelques semaines. Il a, par ailleurs, appelé à "tenir le corps diplomatique loin des tiraillements politiques". Les missions diplomatiques sont soucieuses de venir en aide à tous les Tunisiens et tentent, par tous les moyens, de remédier aux lacunes, a-t-il assuré, saluant les efforts qu'ils sont en train de fournir à cet effet. Il a indiqué que certains ambassadeurs ont été contaminés par le Covid-19, relevant que "le corps diplomatique ne bénéficie d'aucune couverture sanitaire".