Il arrive que durant le mois de Ramadan et comme chaque année et de coutume, nos chaînes de télévision étatiques et privées se mettent en mode nostalgique pour évoquer les nuits artistiques du Ramadan d'antan. Super ! Diraient les téléspectateurs d'hier et d'aujourd'hui, mais qui vont retrouver les mêmes enregistrements qui n'ont pas été effacés et qui ont été numérisés par la Télévision Nationale. Et il arrive également que sur des plateaux de télés-privées, ça peut divaguer et aller dans tous les sens en mélangeant Ramadan avec les autres mois de l'année du côté des salles et des cafés-concerts. Mais il y'a pire lorsqu'une présentatrice, invitée dans une variété télévisée et qui prétend, de surcroit, être une spécialiste de la chanson tunisienne bédouine et citadine, se trompe sur le nom d'une ancienne et très célèbre chanteuse et non moins comédienne de théâtre qu'était Chafia Rochdi, surnommée « Nana » en son temps des années trente, quarante et cinquante du vingtième siècle. Chafia Rochdi est devenue chez notre productrice animatrice : Choubeila Rached ! Personne sur le plateau n'avait contrarié l'interlocutrice et n'avait corrigé cette faute grave. Elle a poursuivi et par ouï-dire, en évoquant la vie artistique nocturne du mois de Ramadan dans les anciennes salles de spectacles et les cafés célèbres des faubourgs de Tunis où se réunissaient les artistes chacun dans son domaine respectif. Désormais, on prend un peu trop à la légère des sujets artistiques d'une grande valeur historique que même ceux qui en savent quelque chose n'osent pas s'y aventurer. Les archives sonores (radiophoniques) et visuelles (télévisées) existent certes en petit nombre à la radio nationale et à la phonothèque du Centre de la musique arabe et méditerranéenne (CMAM) au Palais Ennejma Ezzahra, à Sidi Bou Saïd avec quelques-uns de nos artistes du cercle littéraire et artistique de « Taht Essour » et des nuits de Ramadan d'il y'a soixante dix ans ! Et même si l'on est friand de la Tunisie artistique des années vingt aux années cinquante du siècle dernier, les journaux et revues de l'époque peuvent nous éclairer et nous fournir des informations justes et fiables. L'idéal serait d'avoir rencontré ces gens exceptionnels, même à l'automne de leur vie pour dénicher quelques détails sur les spectacles, les cafés et même sur les rendez-vous que ces artistes se donnaient au domicile de l'un ou de l'autre de leurs pairs. Et là est une autre histoire, la petite celle-là qui reste à étudier et à historier. Alors, de grâce, épargnez-nous ce genre de jeux enfantins et ne parlez que de choses que vous connaissez réellement. Feu Salah Jegham, animateur et producteur radiophonique et télévisé avait rappelé un jour d'éviter de parler de sujets qu'on ne maîtrise pas. A bon entendeur, salut !