Le coronavirus contraint nos villes à repenser l'organisation des transports en commun À quoi ressemblera notre vie à partir du 4 mai ? Reprise du travail, réouverture des commerces, transport… Tout en veillant à empêcher une nouvelle flambée du COVID-19, la tâche est immense comme l'a souligné Dr Samir Bouaouina, Médecin Chef de la Coordination Médicale du Groupement de santé de base . LE TEMPS : Tout d'abord est-ce que le COVID-19 touche tous les organes? Dr Samir Bouaouina : La maladie COVID-19 est une inflammation vasculaire systémique. Elle provoque autant de problèmes cardiovasculaires et de défaillances d'organes vitaux. La maladie Covid-19 peut toucher les vaisseaux sanguins de tous les organes. Il s'agit d'une inflammation systémique des vaisseaux sanguins pouvant toucher le cœur, le cerveau, les poumons, les reins ou encore le tube digestif. Elle entraîne de graves micro-perturbations de la circulation sanguine qui peuvent endommager le cœur ou provoquer des embolies pulmonaires d'où la nécessité de combattre la multiplication du virus et en même temps protéger et stabiliser le système vasculaire des patients, . Faut-il généraliser les tests de dépistage? Plus on fait des prélèvements à la recherche de coronavirus plus on dépiste des cas plus on isole des cas plus on rompt la chaîne de transmission moins la transmission se fait et moins on aura des cas. Avec le relâchement dans le respect du confinement et la baisse du nombre de prélèvements, je propose aux autorités sanitaires d'associer les équipes de première ligne, que ce soit au public qu'au privé, dans le recrutement des suspects et impliquer les équipes des circonscriptions sanitaires dans la réalisation des enquêtes épidémiologiques autour des cas index à la recherche de cas parmi les contacts. De même qu'il faut collaborer avec les laboratoires régionaux tel que le laboratoire régional de la santé de Nabeul, laboratoire de référence, de niveau de sécurité 2, dans les analyses des prélèvements pour le Gouvernorat surtout qu'on n'a pas de problème de PCR moyennant quelques adaptations. . Faut-il continuer à administrer des vaccins contre les autres maladies infectieuses ? La vaccination consiste à administrer un vaccin pour provoquer une réponse immunitaire qui protégera le sujet vacciné de la maladie s'il se trouve en contact avec l'agent infectieux en cause. Si elle est réussie, la vaccination entraîne l'immunisation: le vacciné est immunisé contre la maladie causée par l'agent pathogène. En Tunisie, l'année dernière la rougeole a presque autant tué que le Covid cette année (41 décès). Si une femme enceinte est non-vaccinée, son bébé peut attraper le tétanos néonatal (maladie grave et mortelle). D'autres maladies telles que la tuberculose, l'hépatite virale, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la poliomyélite, la méningite, la rubéole et d'autres maux sévissent encore et peuvent laisser des séquelles ou être mortelles. Les vaccins préviennent la contraction de nombreuses maladies, difficiles à traiter ou à risque de complications mortelles et de séquelles .Les actes de vaccination ont redémarré. Ils touchent les enfants d'âge préscolaire et femmes enceintes dans les centres de santé de base (dispensaires les plus proches de chez vous). Pour les enfants scolarisés, un programme de rattrapage est prévu dans les établissements scolaires à partir du 4 mai. La rage tue, aussi. En cas de morsure d'un animal même vacciné il faut contacter le service des urgences ou le centre antirabique le plus proche le jour même. Pour les personnes âgées et/ou ayant des maladies chroniques, la vaccination contre la grippe et le pneumocoque est fortement recommandée dès la disponibilité du vaccin (octobre). D'autres vaccins et de traitements prophylactiques sont obligatoires ou recommandés en cas de voyage. . Vous avez toujours réclamé la gratuité des masques? Les programmes nationaux de santé (vaccination, périnatalité, lutte antituberculeuse, lutte anti-diarrhéique etc…) n'ont réussi en Tunisie que grâce à la gratuité des prestations et la décentralisation des services. J'appelle de vive voix le conseil national de sécurité de prendre deux décisions. Tout d'abord la gratuité des masques avec amende pour les contrevenants en partant du principe que pour le déconfinement, la distanciation physique est difficile à respecter surtout dans les espaces clos. Les masques ne pourraient être efficaces que s'ils sont portés par tout le monde. Et une tranche importante de la population ne va pas les procurer .Il est indispensable de généraliser le port du masque dans la population et le rendre obligatoire dans les lieux publics. Pour ce faire, il faut que ceux-ci soient accessibles, donc disponibles, mais aussi gratuits. Même si le coût unitaire du masque peut sembler modique, il ne sera pas à la portée des personnes les plus démunies déjà fortement touchées par la crise sociale . Le déconfinement dans les transports, est-ce difficile. Quels sont vos conseils? Etant donné que le Coronavirus ne peut être éradiqué qu'avec la découverte d'un vaccin et qu'il y aura d'autres vagues (quoique même avec le vaccin le virus, ne pourrait probablement être éradiqué vu ses mutations, comme c'est le cas de la grippe). Vu la situation épidémiologique favorable en Tunisie et vu que les autorités ont préparé un plan de déconfinement sur plus de 2 mois, Il faudra des solutions permettant aux usagers de se déplacer librement sans faire exploser le nombre de contaminations par le coronavirus. Entre autres nouvelles règles envisagées, le nombre de passagers dans les bus et les trains doit être restreint. Des marquages au sol doivent être créés dans les gares et les stations de métro pour encourager le respect de la distanciation sociale, et des systèmes de vidéosurveillance et du personnel participeront au décompte des passagers. Le port des masques doit être obligatoire. Il est souhaitable d'instaurer une réservation obligatoire qui va automatiquement limiter le nombre de passagers. En outre, de nombreuses villes en Europe ont encouragé les gens à utiliser des moyens de transports alternatifs comme le vélo. Les citoyens pourront aussi aller au travail tout en pratiquant une activité physique en dehors de chez eux et tout en respectant la distanciation sociale. Bref, ce coronavirus contraint nos villes à repenser l'organisation des transports en commune. Le respect des gestes barrières et de mesures de distanciation physique prendra encore plus d'importance en cette période de déconfinement, auquel il conviendra d'ajouter le port du masque. Le virus ne circule pas tout seul, c'est l'homme, porteur du virus, qui circule, et donc les mesures suivantes sont des mesures de bon sens. Face aux infections respiratoires, il existe des gestes simples pour préserver notre santé et celle de notre entourage : Se laver les mains très régulièrement, tousser ou éternuer dans son coude, saluer sans se serrer la main, éviter les embrassades et utiliser des mouchoirs à usage unique.