Les personnes présentant des malades chroniques telles que le diabète, l'hypertension, les maladies respiratoires ou engendrant une immunodépression sont considérées comme étant potentiellement plus à risque de contracter une forme sévère de l'infection Covid-19 au coronavirus comme nous l'explique Dr Zied Ibn El Hadj, Professeur Agrégé en Cardiologie, à la Faculté de Médecine de Tunis et Chef Service de cardiologie à l'Hôpital Mohamed Tahar Mâamouri, à Nabeul * LE TEMPS : Les patients qui souffrent d'hypertension artérielle, d'insuffisance cardiaque, d'antécédent d'AVC ou d'infarctus font-ils partie des personnes considérées comme « vulnérables », face à ce virus du coronavirus? Dr Zied Ibn El Hadj :Les maladies que vous avez citées constituent des facteurs de risques d'atteintes sévères en cas d'infection par le COVID-19. La mortalité en leur présence est multipliée par 10 par rapport au sujet sain. Les sujets malades sont des personnes vulnérables qui doivent appliquer strictement les mesures de distanciation sociales. * Diabète et coronavirus : faut-il s'inquiéter ? Absolument, la mortalité chez les sujets diabétiques est élevée en cas d'infection par le COVID-19. Les sujets diabétiques doivent veiller à un bon équilibre de leur diabète et appliquer strictement les mesures de distanciation sociales. * Les fumeurs touchés par la maladie sont-ils susceptibles d'être davantage affectés par une forme sévère de l'infection ? Les patients tabagiques présentent très souvent des atteintes respiratoires qu'on appelle bronchopneumopathie chronique obstructive et sont susceptibles de développer des formes sévères de l'infection. On leur conseille d'essayer de profiter des circonstances actuelles pour arrêter de fumer. * Selon l'âge, les antécédents médicaux comme les maladies cardio-vasculaires, le diabète ou l'obésité, la résistance au Covid-19 est variable selon les patients. Un autre facteur vient d'être mis en lumière. Celui du groupe sanguin. Les personnes appartenant au groupe sanguin O risqueraient d'être moins touchés que les autres? Il s'agit de constatations statistiques qui nécessitent d'être confirmées par d'autres études. * Les personnes qui attrapent le virus risquent-elles une rechute ? Les données actuelles montrent que l'infection n'est pas immunisante donc on peut être malade une deuxième fois. * Une personne contaminée et asymptomatique est-elle contagieuse ? Oui les porteurs asymptomatiques peuvent être contagieux, ceci est très fréquent notamment chez les enfants. * Comment expliquer que l'évolution de l'infection à coronavirus soit parfois mortelle ? La réponse de l'organisme à l'infection peut entraîner une atteinte pulmonaire qu'on appelle SDRA .Il s'agit d'une réponse mettant en jeu les médiateurs de l'inflammation comme les cytokines). Les atteintes cardiaques, (de mécanisme immunologique) peuvent également entraîner le décès (myocardites). Par ailleurs toute infection peut déséquilibrer une maladie chronique sous-jacente. * Le non-respect du confinement risque-t-il d'avoir un impact sur la propagation du virus en Tunisie? Quelles sont les précautions à prendre ? Le non-respect du confinement et des mesures de la distanciation sociale risque d'accélérer la propagation du virus et d'induire des épidémies comme celles qu'on a observées aux états unis ou en Europe. Il est fondamental d'observer le confinement à domicile et les mesures de distanciation en dehors de la maison. * Les masques protègent-ils ? Oui le port du masque en particulier par le sujet infecté réduit la propagation du virus. Si tout le monde porte le masque, on va réduire la propagation du virus. * Est-ce qu'on peut se faire tester en guise de prévention ? Les pays qui ont organisé des tests de façon large au sein de la population ont pu mieux contrôler la propagation de la maladie. * La chloroquine peut-elle entraîner de graves arythmies et cardiomyopathies? Oui certains troubles du rythme cardiaque ont été observés avec la chloroquine mais leur fréquence est faible. Il est nécessaire de la prendre sous contrôle médical afin de détecter les signes précurseurs des troubles du rythme. * Vous êtes chef de service à l'hôpital Mâamouri, comment jugez la prise des patients? Actuellement, la prise en charge des malades est centralisée au sein de notre hôpital pour la région de Nabeul et les patients atteints bénéficient d'une prise en charge conforme aux dernières recommandations. Il est aussi fondamental de rappeler que nous continuons à prendre en charge les patients qui ne sont pas atteints avec un circuit qui isole parfaitement les patients atteints et les patients non atteints pour éviter la contagion. * Combien de temps faut-il pour observer un changement dans la situation sanitaire en Tunisie? Il est actuellement difficile de prédire l'évolution de la contagion dans notre pays. Le non-respect du confinement nous fait craindre une progression de la maladie au cours des deux prochaines semaines.