On n'a jamais vu un juge Musulman consulter un Coran, comme on regarde un code juridique avant de rendre sa décision. C'est que la Chariâa est le fruit de tant d'interprétations aussi bien du Livre Saint que de la Sunnah. Or il y a une faille quelque part, car le Coran renferme plutôt les préceptes de l'Islam, tandis que la Sunnah, elle est faite à partir du Hadith du Prophète Mohamed, soit l'ensemble de ses dits mais aussi de ses actes. Seulement les sources du Hadith diffèrent, et certains ont été attribués au Prophète pour des raisons notamment politiques dans des circonstances déterminées au fil de l'histoire de l'Islam. Malek Chebel, anthropologue algérien des religions (décédé en 2016), a déclaré au cours de l'une de ses interviews données à une revue française, quelque temps avant son décès que : « Le Coran est un livre sacré ; comme tel, il donne des prescriptions relativement précises sur le dogme. La charia, en revanche, est une déclinaison, une transposition juridique du texte sacré. Elle rassemble un ensemble de normes définies par des hommes : la famille, la sexualité, l'héritage, l'éducation des enfants, l'obéissance aux préceptes dictés par les imams… De fait, elle est plus rigoriste. Œuvre des théologiens du VIIIe et du IXe siècle, elle traduit fatalement leur imaginaire et le degré d'acceptation de l'époque. Les califes ont gouverné pendant des siècles avec la charia. Seuls les régimes musulmans les plus conservateurs l'appliquent aujourd'hui en totalité ou partie. On n'accepte plus aussi facilement que l'on coupe la main au voleur, que l'on lapide et que l'on excommunie pour une opinion… La confusion n'est-elle pas grande entre charia et Coran Les califes ont gouverné pendant des siècles avec la charia. Seuls les régimes musulmans les plus conservateurs l'appliquent aujourd'hui en totalité ou en partie. On n'accepte plus aussi facilement que l'on coupe la main au voleur, que l'on lapide, que l'on excommunie pour une opinion Les fondamentalistes ne font aucune différence entre la charia et le Coran. Ces groupuscules populistes religieux envoient des gamins à la boucherie en présentant le djihad comme un impératif de la foi musulmane, alors que le Coran interdit strictement la guerre entre musulmans ! Le djihad ne peut être qu'une guerre d'autodéfense visant à protéger ses femmes, sa terre et ses enfants. On peut aussi interpréter le djihad dont parle le Prophète comme une guerre spirituelle contre soi-même et ses mauvais penchants, un peu dans l'esprit du bouddhisme ».