La Chariâa est conçue comme un ensemble de règles régissant les rapports entre humains, appartenant à l'Islam, et parmi lesquelles il y a celles qui concernent les actes de piété (Al îbadat) et celles qui concernent le actes des individuels ou collectifs (Al Mouâmalet). Ces règles tirent leurs sources du Coran, ayant été révélé au Prophète Mohamed au fur et à mesure que survenait une question ou un problème quelconque, tel qu'en matière matrimoniale par exemple concernant le triple divorce. Ce n'est qu'après sa mort que commençaient à se former des règles normatives par les imams ou les chefs des grandes écoles sunnites et qui étaient le fruit de l'interprétation du Coran, mais aussi de la Sunnah. Or il y a parmi les jurisconsultes musulmans ceux qui ont fait de la Chariâa un ensemble d'interdits ou Haram et de permis Halal, qui sont restés immuables. Surtout que ces théologiens ou Ulémas se fondaient sur des hadiths dont la source de certains n'était pas fiable, pour donner leur fatwa ou avis juridique. Ce qui donna lieu à des controverses qui générèrent de graves tensions. Tahar Ben Achour, Cheikh Al islam, et auteur de l'exégèse du Coran : Attahrir wa attanwir, représentait tout un courant de pensée islamique, érigé contre les fausses croyances et les interprétations erronées des préceptes de l'Islam. Le Cheikh Mohamed Abdou, en Egypte, ainsi que le non moins érudit célèbre, le Zeïtounien originaire du Djérid tunisien, le Cheikh Lakhdar El Houssaine, avaient appartenu à ce même courant de réformateurs musulmans. Cela ressort à travers les multiples œuvres du Cheikh Tahar Ben Achour, dont notamment "Attahrir wa attanwir" où il préconisa une méthode rigoureusement scientifique de l'exégèse du Coran, ce qui lui valut de passer plus d'une vingtaine d'années à la réalisation de cette œuvre considérable. Sur ses pas, le professeur Talbi, qui de son vivant a œuvré à inciter à la réforme de la Chariâa sur la base du Coran. Il estime que : « Toutes les entraves sont dans la Chariâa, œuvre humaine désuète, formulée au IXème siècle, et figée jusqu'à ce jour. Durant deux siècles les Musulmans vécurent, très bien, sans Chariâa. Œuvre humaine pour une époque révolue, la Chariâa n'oblige aucun Musulman en son âme et conscience. Seul le Coran oblige. La laïcité neutralité de l'Etat, est parfaitement compatible avec le Coran, lu d'une lecture dynamique dans son intentionnalité, une lecture que nous définissons comme vectorielle et sans cesse progressiste dans le sens de la Hidâya, c'est-à-dire de guidance de l'éclairage coranique ».