La Tunisie connaîtra en 2020 et 2021 deux exercices- charnières. Les séquelles de la crise sanitaire pèseront de tout leur poids sur le budget de l'Etat. Rien que pour l'exercice en cours, le gouvernement est contraint de mobiliser une enveloppe de 12 milliards de dinars pour assurer la relance économique et voler au secours des entreprises et des secteurs sinistrés. Une mission difficile, eu égard à la rareté des ressources. La baisse de 23,8% des IDE, le repli de 276,3 MD des recettes touristiques cumulées et de -115,8 MD des revenus de travail à fin avril, outre la chute prévue des ressources fiscales et non fiscales, sont autant d'indicateurs qui dénotent de la vulnérabilité de l'assise financière de l'Etat mettant en péril l'équilibre des finances publiques. En effet, les investissements étrangers ont atteint au terme du premier trimestre 2020 le montant de 461,7 MTND et sont répartis à raison de 459,8 MTND en investissements directs étrangers (IDE) et 1,9 MTND en portefeuille. Les IDE ont reculé de 23.8% par rapport à la même période de l'année antérieure et de 17,8% par rapport à l'année 2018. Une baisse généralisée et qui touche tous les secteurs notamment le secteur des services, enregistrant un fléchissement de plus de 65%. L'investissement, pierre angulaire de la croissance et de la création d'emplois subira de plein fouet la crise sanitaire, surtout en l'absence de visibilité quant à la propagation et à la résurgence du virus. Les intentions d'investissement seront renvoyées aux calendes grecques. Il faut dire que, tant que la production, élément essentiel du cercle vertueux de la croissance est en panne, les autres facteurs entre autres investissement et consommation vont suivre le même rythme descendant. Vivement une loi de finances complémentaire D'ailleurs une baisse considérable des ressources propres de l'Etat est prévue au terme du 1er semestre de cette année fatidique. Rappelons que les prévisions budgétaires pour l'année 2020 table sur un déficit budgétaire de 3% du PIB sur la base d'une hausse des ressources fiscales de 9,2% à 31759 MD dont 13662 MD d'impôts directs et de 18097 MD d'impôts indirects. A juste titre, le ministère de l'énergie, des mines et de la transition énergétique vient d'affirmer que le volume des dettes des compagnies pétrolières auprès de l'Etat s'élève à 194 millions de dinars. Aujourd'hui toutes les prévisions budgétaires sont tombées à l'eau et nécessitent une révision rapide surtout après la chute des prix du pétrole et ses répercussions directes ou croisées sur la comptabilité nationale. Le gouvernement Fakhfakh s'attèle tant bien que mal à renflouer la caisse de l'Etat. Outre les lignes d'emprunts multilatéraux, une convention de prêt syndiqué, sur le marché local pour un montant avoisinant 1,18 milliard de dinars, a été signée la semaine dernière. Le Chef du gouvernement a affirmé à maintes reprises que son gouvernement ne baissera pas les bras et poursuivra sa quête de financement pour faire face aux effets néfastes de la crise sanitaire sur l'économie nationale.