L'année 2016 s'achève demain sous le signe de l'angoisse et de l'indivisibilité. L'économie nationale n'est pas sortie de l'auberge et l'année 2016 n'a pas été l'année de la relance. Cinq ans après la Révolution, la Tunisie tarde à trouver le chemin d'une croissance inclusive. Tous les voyants sont au rouge et la situation des finances publiques est de plus en plus alarmante. Nous dressons ci-après une rétrospective économique de l'année 2016. Une croissance économique morose tirée par la consommation Les indicateurs macroéconomiques dénotent de la fragilité financière de l'économie nationale. Nous retiendrons la réalisation attendue d'un taux de croissance de 1.5% maximum en 2016, un taux de croissance insignifiant au vue des défis. Selon les résultats préliminaires des comptes nationaux trimestriels, le Produit Intérieur Brut en volume a enregistré au troisième trimestre 2016 une croissance de 1.3 % par rapport au même trimestre de l'année 2015. Le taux de chômage s'établit à 15.5% pour plus de 630 mille chômeurs dont 267.7 milles diplômés de l'enseignement supérieur soit un taux de chômage de 31,9%. C'est dire que l'une des principales revendications du soulèvement de janvier 2011 n'a pas été exaucée. Les jeunes ont été en quelque sorte mis sur la touche et le processus démocratique a été dévié. Le taux d'endettement extérieur autour de 66% du PIB Le déficit budgétaire devra clôturer l'année au seuil de 5219 MDT, soit 5.7% du PIB, le déficit commercial est situé aux alentours de 11628 MDT, le niveau de l'endettement public est estimé à 63.9% du PIB et le taux d'endettement extérieur frôlerait les 66% du PIB cette année. Chute de 60% de la production du phosphate La production nationale a été caractérisée en 2016 par la reprise des industries manufacturières dont essentiellement les industries mécaniques et électroniques (2.1%) et l'industrie du textile-habillement, du cuir et chaussures contre une dégringolade de la valeur ajoutée des industries non manufacturières, soit un repli de 5.6%. L'activité d'extraction du pétrole et du gaz naturel et du phosphate a poursuivi son fléchissement avec des baisses respectives de 8,7% et de 20,7%. Ainsi, parmi les faits marquants de l'année 2016 est la chute libre de 60% de la production du phosphate. La crise se poursuit au sein de l'éternelle poudrière faisant perdre à l'Etat des ressources budgétaires de l'ordre de 5000 millions de dinars. La production nationale a été caractérisée par ailleurs par la baisse de 3.7% de la production agricole et de la pêche, une baisse de régime expliquée essentiellement par la chute de la production des olives. Il faut dire que la croissance économique a été également maintenue grâce à l'accroissement des services non marchands. Autrement dit c'est la consommation domestique qui continue de tirer la richesse nationale vers le haut. Baisse de 7,1% des recettes touristiques Pour le secteur du tourisme et malgré une légère amélioration des indicateurs du secteur, enregistrant plus de 4.8 millions de touristes, les recettes touristiques poursuivent leur repli enregistrant une baisse de 7,1% au terme du mois d'octobre 2016. Pour l'année 2017, le gouvernement semble optimiste et table sur l'arrivée de 7 millions de touristes. Une inflation galopante et un dinar à son plus bas niveau historique Côté pouvoir d'achat, l'inflation s'est maintenue au niveau de 4% vers la fin de l'année signant le retour des tensions inflationnistes. La Banque Centrale de Tunisie prévoit même un affermissement de l'inflation en 2017, laquelle pourrait atteindre les 5% en 2017. La BCT peine à endiguer l'évolution frénétique du taux d'inflation. La dépréciation du dinar face à l'euro et au dollar n'est pas en reste des faits saillants ayant marqué l'année 2016. Une chute de 8% de la monnaie nationale par rapport à la monnaie unique et le billet vert a été observée au cours des huit premiers mois de l'année. L'euro s'échange aujourd'hui à 2.44 dinars et le dollar à 2.31 dinars. Pour ce qui est du commerce international et malgré la reprise des exportations, l'accroissement des importations à un rythme plus important a engendré un élargissement du déficit commercial pour se situer autour de 11628 MDT. Le déficit se creuse et devient de plus en plus alarmant incitant les autorités à mettre en place une politique de maîtrise des importations. Une hausse de 9.3% des IDE Pour ce qui est des investissements étrangers et selon les indicateurs publiés récemment par la FIPA, le flux des investissements étrangers a atteint le montant de 1 923,0 MTND à la fin du mois de Novembre 2016 et est réparti à raison de 1 863,4 MTND en investissements directs étrangers (IDE) et 59,6 MTND en portefeuille, soit une baisse de 6,9% des investissements étrangers contre une hausse de 9,3%pour les IDE. Par ailleurs et selon l'agence de promotion de l'industrie l'investissement déclaré dans le secteur industriel a atteint au cours des 11 premiers mois 2016 le montant de 2875.8 MD, contre 2322.6 MD en 2015, enregistrant ainsi une hausse de 23.8%. Le nombre de projets déclarés a atteint 3282. Ces projets permettront la création de 48001 postes d'emplois, contre 45577 postes d'emplois durant les onze premiers mois 2015, soit une progression de 5.3%. Conférence « Tunisia 2020 » 900 MD mobilisés dans le privé L'année 2016 a été couronnée par l'organisation de la conférence internationale sur l'investissement Tunisia 2020. 34 milliards de dinars ont été mobilisés dont 15 millions dinars d'accords signés, des accords sur des investissements non productifs en général et qui serviront à financer pour l'essentiel l'infrastructure de base. Dans le secteur privé une enveloppe de 900 MDT a été mobilisée lors de l'événement dont 450 MDT en faveur d'un projet touristique intégré (La Cigale). Par ailleurs d'autres accords ont été signé dans le secteur privé dont l'accord entra SOPRA Banking et Wevioo Tunisie. En vertu de cet accord Wevioo Tunisie a cédé sa participation dans dans Cassiopae MEA à Sopra Banking Software, filiale du groupe Sopra Steria. Un protocole d'accord a été signé entre l'ETAP et la compagnie pétrolière ENI portant sur la réalisation d'une centrale solaire. A souligner que General Electric, la multinationale américaine a signé deux accords de financement avec le ministre de la santé.