L'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) voit d'un mauvais œil les mesures d'austérité décidées par le gouvernement pour limiter les dépenses publiques en ces temps de crise économique consécutive à la pandémie du Covid-19. La centrale syndicale a en effet rejeté catégoriquement la circulaire N°16 adressée le 14 mai par le chef du gouvernement, Elyès Fakhfakh, aux ministres, secrétaires d'Etat et aux instances constitutionnelles. «La circulaire N°16 relative aux préparatifs à la l'élaboration du Budget de l'Etat pour l'exercice 2020 dit noir sur blanc que le gouvernement compte geler les recrutements et les promotions dans la fonction publique, amputer les primes de rendement. Mais nous disons non à toute atteinte aux acquis des fonctionnaires, non au gel des recrutement et non au prélèvement de 1% des salaires à titre d'une contribution sociale de solidarité destinée à renflouer les caisses sociales», a précisé le département des affaires juridiques rattachée à l'UGTT dans un communiqué publié le week-end dernier sur sa page Facebook. Le même communiqué précisé que l'organisation ouvrière reste attachée à l'ouverture d'un nouveau round de négociations salariales dans la fonction publique, le secteur public et le secteur privé conformément aux accords conclus avec le gouvernement et l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA) en 2018 et en 2019. L'UGTT a souligné d'autre part la nécessité d'appliquer l'accord relatif à la régularisation de la situation des ouvriers des chantiers conclu le 28 décembre 2018, de réviser à la hausse le salaire minimum garanti (SMIG). «Nous n'accepterons aucun budget qui n'améliore pas la situation des salariés et des marginalisés et nous ne payerons pas seuls la facture de chaque crise économique », a conclu l'organisation dans son communiqué. De son côté, le secrétaire général adjoint et porte-parole de l'UGTT de l'UGTT, Sami Tahri, a déclaré que la circulaire émise par la chef du gouvernement le 14 mai constitue une atteinte flagrante aux droits des salariés. «La circulaire prévoit des mesures qui sont de nature à accentuer le chômage et l'appauvrissement de la population. Elle est en cours d'examen par le département des études de l'UGTT qui apportera une réponse détaillée sur la question, mais nous pouvons déjà annoncer que les acquis des salariés ne sont pas négociables et qu'il n'y aura aucune renonciation à leurs droits garantis par la loi », a-t-il indiqué dans une déclaration accordée à l'agence TAP. Et d'ajouter : « La suspension des recrutements figure parmi les recommandations les plus dangereuses incluses dans cette circulaire compte tenu de ses multiples répercussions sur des milliers de chômeurs parmi les diplômés et de son impact néfaste sur l'administration publique qui ne serait pas en mesure de combler les postes des travailleurs à la retraite ». La circulaire émise par le chef du gouvernement prévoit notamment la rationalisation, en 2021, de la prime de rendement de manière à ce qu'elle ne dépasse pas une moyenne de 80% ainsi que le gel des recrutements dans la fonction publique, à l'exception de certaines spécialités prioritaires et à caractère urgent. Le document controversé précisé également que les promotions de l'année 2020 ne seront activées qu'en 2021 tandis que celles de 2021 seront reportées à 2022. La circulaire prévoit aussi qu'aucun accord ne pourra être signé et aucune mesure ayant un impact financier ne pourra être prise sans consultation avec les services de la présidence du gouvernement et du ministère des Finances, le report de tous les nouveaux programmes de formation dans le cadre des recrutements prévus pour l'année 2022, la non-compensation des postes vacants et le recours au redéploiement des ressources humaines disponibles, pour couvrir les besoins dans l'administration tunisienne. Le document appelle aussi les ministres à limiter l'enveloppe allouée à la prime des heures supplémentaires à 50% de celui du budget 2020, dans les différents départements, à l'exception de ceux de la défense, de l'intérieur, de la santé et de la présidence de la République. Les fonctionnaires qui travaillent des heures supplémentaires bénéficieront d'un congé de compensation, précise le même document. Dans cette circulaire, le gouvernement appelle en outre à plus d'efforts afin de maîtriser la masse salariale dans le secteur public et la ramener progressivement à des proportions raisonnables par rapport au PIB, rappelant que le budget de la Tunisie pour 2020 s'élève à 47 milliards de dinars, dont 20 milliards de dinars sont réservés au payement des salaires.