La réduction de la masse salariale dans le secteur public arrive en tête des réformes que recommande régulièrement le Fonds monétaire international (FMI) aux autorités tunisiennes en contrepartie des décaissements des tranches de prêts. Soucieux de mobiliser le maximum de ressources financières en vue d'alléger les pressions qui pèsent sur les finances publiques, le gouvernement a déjà entrepris l'allègement des effectifs de l'administration en lançant deux programmes de départ volontaire et de départ négocié à la retraite. Mais ces programmes risquent de ne pas être suffisants pour réduire la masse salariale publique, qui à 14,1 % du PIB l'an dernier était l'une des plus élevées au monde. Dans son dernier rapport sur l'économie tunisienne, le FMI a d'ailleurs souligné que des ajustements importants sont nécessaires durant les trois prochaines années pour compenser les dérapages et remettre la masse salariale sur une trajectoire lui permettant d'atteindre l'objectif de 12 % du PIB en 2020. Certains analystes pensent dans ce cadre que le gouvernement sera dans l'obligation de ne pas accorder de nouvelles augmentations salariales aux fonctionnaires durant les années à venir. A l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), cette perspective fait déjà grincer des dents. «Le gel des salaires dans le secteur public est une ligne rouge. D'autant plus qu'un accord conclu précédemment avec le gouvernement prévoit l'ouverture d'un nouveau round de négociations sociales en avril 2018 », précise le secrétaire général adjoint de l'UGTT chargé de la fonction publique, Monêm Amira. «Les fonctionnaires doivent bénéficier de nouvelles augmentations salariales au regard de la détérioration de leur pouvoir d'achat et de l'intention du gouvernement de procéder à l'augmentation des prix de certains produits de base après le récent ajustement des prix des produits pétroliers », a-t-il ajouté. M. Amira indique, par ailleurs, que les autorités devraient rejeter les diktats du FMI et autres bailleurs de fonds multilatéraux afin d'éviter les retombées sociales de certaines mesures impopulaires, indiquant que «la paix sociale a toujours un coût». En ce qui concerne les alternatives à l'endettement que suggère l'UGTT pour renflouer les caisses de l'Etat, le responsable syndical assure que « c'est à l'exécutif de chercher des alternatives et non pas à la centrale syndicale qui reste cependant ouverte au dialogue». En raison de la forte évolution des effectifs de la fonction publique et les augmentations salariales importantes consenties depuis la Révolution, la Tunisie détient aujourd'hui, l'une des masses salariales les plus élevées au monde. Celle-ci représente actuellement quelque 13 milliards de dinars, pour un budget global de 32 milliards de dinars. Mais une fois que les augmentations salariales au titre de l'année 2017 entreront en vigueur en décembre prochain, la charge salariale devra dépasser les 15 milliards de dinars. Pour rappel, la centrale syndicale et le gouvernement ont conclu fin 2016 un accord sur les augmentations salariales dans la fonction publique, qui avait alors permis d'éviter une grève générale qui était programmée pour le 8 décembre 2016. Cet accord prévoit le versement de 50% des majorations salariales entre janvier et novembre 2017, et le versement de 50% des primes spécifiques entre avril et novembre 2017. Ces deux versements devront être finalisés en décembre 2017. La seconde moitié des majorations salariales (générales et spécifiques) sera, quant à elle, versée de janvier à mars 2018. Les deux parties ont aussi convenu d'ouvrir un nouveau round de négociations sociales dans le secteur public à partir d'avril 2018.