« Ce n'est pas la pauvreté qui tue l'homme, mais le désespoir », comme le dit un proverbe béninois, et c'est le cas pour ce qui s'est passé, récemment dans le gouvernorat de Kairouan où des familles ont été endeuillées par la perte de sept de leurs membres qui ont bu de l'alcool mélangé au méthanol. Les vendeurs illicites des boissons alcoolisées sont nombreux dans les villes comme dans les régions rurales éloignées. Leurs clients, surtout des jeunes désœuvrés à souhait, mettent tout ce qu'ils peuvent avoir comme argent de poche ou produits de leurs larcins pour se les procurer. Ils cherchent, ainsi, à oublier le désarroi dans lequel ils vivent depuis des années, n'ayant pas d'accès à un marché de travail qui se rétrécit de jour en jour. La pandémie du Covid 19 n'a fait qu'aggraver la situation. Il suffit, d'ailleurs, de se rendre compte de la réalité du quotidien des frères décédés et de l'état des habitations où ils « survivent », suite à leur empoisonnement par une boisson mélangée au méthanol pour comprendre leurs gestes faits de souffrance extrême et de pauvreté criarde. Quitte à voler ! Mais pour avoir de l'argent pour acheter ces boissons, certains optent pour des braquages et des vols souvent à mains armés. D'autres rendent la vie difficile à leurs parents pour avoir de l'argent et acheter des cigarettes, du cannabis et des boissons alcoolisées. Se saouler est le seul moyen pour les aider à oublier leur vie de misère. Le dernier drame vécu par les familles de la zone d'El Khcharnia, une zone déshéritée située entre les délégations de Hajeb Laâyoun et celle de Jelma, dans les gouvernorats de Kairouan et de Sidi Bouzid, n'est qu'un petit exemple frappant du désarroi et de l'angoisse vécus par une population rurale qui se dit « oubliée » par les politiques. Arrestation d'un vendeur illicite de boisson alcoolisée à Djebel Serj Les pouvoirs publics se sont rabattus, certes, sur la vente illicite d'alcool, mais, est-ce suffisant, surtout au vu de la prolifération de cette catégorie de commerce, dans le gouvernorat de Kairouan. La multiplication des campagnes de lutte contre la délinquance, menées par les forces sécuritaires dans la région deviennent fréquentes, et l'arrestation des vendeurs de boissons alcoolisées pourraient aider à limiter les dégâts qui, de plus en plus, deviennent le pain quotidien, même dans les zones les plus reculées de la région du Centre. Elles ne suffisent pas, pourtant, à limiter le danger d'une délinquance rampante. Ces campagnes ont abouti, mercredi dernier, à l'arrestation -par les agents de la garde nationale d'Oueslatia- d'un vendeur illicite de boissons alcoolisées dans la région de Djebel Serj, et la saisie de 1200 canettes de bières. Arrestation de quatre vendeurs Le Juge d'instruction du tribunal de première instance de Kairouan a ordonné, mercredi dernier, l'arrestation des quatre vendeurs (un couple originaire de la délégation de Hajeb layoun et deux personnes originaires du gouvernorat de Sfax). Ils sont impliqués dans la fabrication et la vente d'alcool frelaté contenant du méthanol. Cette boisson a fait jusque-là sept morts et plus de cinquante autres, intoxiquées et actuellement hospitalisés dans les hôpitaux de Kairouan, de Sousse et de Monastir de Mahdia et de Kasserine. Parmi elles, deux sont dans une situation critique au service de réanimation du CHU Farhat Hached à Sousse.