Le Ciné B7L9 organise durant le mois de juin une rétrospective consacrée au cinéaste sénégalais Ousmane Sembène. Cet hommage est une manière de célébrer l'homme, une figure majeure de l'Afrique contemporaine qui a milité sa vie durant pour un cinéma et un art africains. Issu d'un milieu populaire, fils d'un père pêcheur de Casamance, Ousmane Sembène le père du cinéma africain, n'a cessé de transmettre les valeurs qui traduisent son attachement à son peuple et à ses origines que ce soit à travers ses œuvres littéraires ou à travers le cinéma. En 1956 « Le Docker noir » son premier roman relate son expérience de docker à Marseille, où il traite du sujet de l'immigration et des minorités de la société française. En 1957 il publie « Ô pays, mon beau peuple ». En 1960, il publie un nouveau roman « Les bouts de bois de Dieu », inspiré de faits réels, ce roman qui se déroule au Mali d'aujourd'hui raconte l'histoire de la grève des cheminots du "Dakar-Niger", des ouvriers noirs qui veulent conserver les traditions, les lois du clan, les coutumes, mais se retrouvent bousculés par le progrès. Sa carrière au cinéma Ensuite il commence à s'intéresser au cinéma pour montrer une image réelle de l'Afrique et rendre ses idées plus accessibles à travers l'image et réalise en 1962 son premier court-métrage Borom Sarret ( Le Charretier ), un court métrage, qui met en scène une tranche de vie d'un charretier ordinaire dans les rues de Dakar, et est l'un des premiers exemples d'un cinéma militant dénonçant la société africaine. Réalisé avec très peu de moyens et faisant appel à des acteurs non professionnels, il fait désormais partie du cinéma classique d'Afrique noire. Il a été suivi en 1964 par « Niaye », un court métrage qui retrace les réactions d'une collectivité africaine en face à l'inceste et qui gagnera le Prix CIC du Festival du court métrage de Tours et la mention spéciale du Festival International du film de Locarno. Ce film est l'adaptation cinématographique de sa nouvelle Vehi-Ciosane ou Blanche-Genèse. En 1966 il sort son premier long-métrage, qui est aussi le premier long métrage « négro-africain » du continent, intitulé « La Noire de.. », qui lui a valu le Prix de Jean Vigo en France, et le Tanit d'or à Carthage.. Ousmane Sembène se place sur le terrain de la critique sociale et politique avec l'histoire d'une jeune sénégalaise qui quitte son pays natal et sa famille pour s'installer en France pour travailler chez un couple qui l'humiliera et la traitera en esclave, la poussant jusqu'au suicide. Considéré comme l'un de ses chefs-d'œuvre couronné par le Prix de la critique internationale au festival de Venise, le « Mandat » en (1968) est une comédie acerbe contre la nouvelle bourgeoisie sénégalaise, apparue avec l'indépendance. A partir de 1970 il prend un rôle très important au Festival panafricain du cinéma et de la télévision (Fespaco) de Ouagadougou, et œuvre à sa notoriété. Jusqu'à sa mort il participera au Fespaco, tout en refusant de participer à la compétition, pour laisser émerger d'autres cinéastes. Il meurt à l'âge de 84 ans à son domicile à Yoff le 9 juin 2007.