Cauchemar permanent pour les automobilistes de la Capitale et bête noire de ses visiteurs motorisés, qui se comptent quotidiennement par milliers, le « chenguel » tunisois ressort de sa tanière, plus féroce que jamais, et revient à ses moutons, sabots à l'appui, après les vaches maigres du confinement, en y allant même, pour comble de prédation, jusqu'à revoir ses tarifs à la hausse, lesquels ont été démesurément majorés, depuis peu, par la Mairie de Tunis, au même titre que la tarification des parkings et des parcmètres. A Tunis, le stationnement vaut désormais son poids d'or… A l'heure où les contours d'un retour vers le futur, contrecoups sociaux et économiques compris, se dessinent chaque jour un peu plus dans nos contrées, et alors que les Tunisiennes et les Tunisiens, fauchés comme les blés et plumés jusqu'aux os par le marasme du coronavirus, ressortent de nouveau à l'air libre, histoire de retrouver peu à peu et tant bien que mal le rythme de leur train-train habituel, le Conseil municipal de Tunis décide d'augmenter, tout à trac et d'un seul coup, les tarifs des parkings municipaux et des aires de stationnement autorisé le long des trottoirs, ainsi que les montants des amendes pour immobilisation par sabot et celles de la mise en fourrière moyennant remorquage par grue, appelé couramment et tout court, en Tunisie, « le chenguel ». Stationnement à prix d'or ! Suite au réajustement en question, décidé en marge d'une réunion du Conseil municipal, tenue le 29 mai dernier, les frais de gardiennage dans les parkings municipaux passeront donc de 2 dinars à 2 dinars 500, soit une hausse de 25% qui ne manquera certainement pas, soit dit en passant, de pousser, effet domino oblige, les parkings privés à faire décoller, très prochainement et à leur tour, leurs tarifs à la hausse. Côté abonnements, le forfait « de jour » dans les parkings municipaux passe de 60 à 70 dinars par mois, la formule de nuit de 40 à 50 dinars et le pack « jour et nuit » de 98 à 110 dinars, le mois. Conjuguée à celle des parkings, et aiguillonné par la majoration des sabots qui passent de 18 à 20 dinars, c'est la hausse des tarifs du « chenguel » qui fera assurément le plus de mal aux Tunisiennes et aux Tunisiens. Les frais de fourrières augmentent, d'un coup d'un seul, de 5 dinars entiers, et sautent ainsi de 40 à 45 dinars, après avoir été déjà majorés de 5 dinars additionnels, pas plus loin que l'année dernière, et de 5 autres dinars de surcroît, pas plus tard que l'année d'avant ! Avec un tel redressement, décidément à base de 5 dinars annuels, faire sortir sa voiture de la fourrière sera, à ce rythme-là et dans quelques années, tellement hors de prix, qu'il serait beaucoup plus avantageux et, encore, plus « bon-marché » pour tout quidam, une fois sa bagnole épinglée, de la laisser moisir sous son poids d'or à la fourrière et d'aller tout bonnement s'en acheter une, toute neuve ! (C'est bien ça, mon œil !) La Mairie de Tunis roule carrosse ! Ces hausses de prix, d'après la « Cheikha » Souad, la maire de Tunis, interviennent pour soutenir, prétend-elle, « la situation économique du pays, affectée par le coronavirus ». Allégation, bien entendu, peu crédible, surtout que l'on sait que la Municipalité de Tunis dispose, de facto, d'une indépendance budgétaire et que ni ses recettes ni ses dépenses n'affectent, en aucun cas, les équilibres soi-disant économiques du pays. Cela va sans dire aussi que la Mairie de Tunis, compte tenu de ses revenus relativement considérables, renfloués justement en partie par les comptes d'apothicaire et les recettes faramineuses du « chenguel », sans cesse augmentés, jouit, soit dit en passant, d'un budget relativement élevé par rapport aux autres municipalités éparpillés un peu partout en Tunisie, et notamment celles blotties dans les régions les plus reculés et qui exercent carrément dans la dèche. En contrepartie, et malgré les factures salées des fourrières (entre autres) visiblement considérables et estimés par plusieurs milliards de dinars par année, la Mairie de Tunis semble incapable, incompétence oblige, de trouver des solutions, à court, à moyen et surtout à long termes, à la crise aigüe de la circulation, décidément chronique, au sein de la Capitale, amplifiée par l'explosion évidente du parc automobile en Tunisie, par l'état des lieux catastrophique du transport public et surtout par la structure urbaine, déformée et désuète, de la ville de Tunis, et notamment au niveau de ses divers points névralgiques. Cela est sans compter, de manière générale, l'absence totale d'investissement et la dégradation flagrante de tous les services de la municipalité, levée des déchets en tête de liste. A défaut de réinvestir à bon escient l'argent du contribuable, la Mairie de Tunis entretient encore l'assiette au beurre, et ce sont bien évidemment les Citoyennes et les Citoyens, toujours battus, qui paient l'amende et les pots cassés, dans une ville où la vie est devenue une galère, aussi bien pour les automobilistes que pour les piétons, voire pour tout le monde, tout court. Comme quoi, à la ville de Tunis, on t'emmerde à pied, à cheval et en voiture !