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Portait d'un turfiste averti
Jeux de la chance et du hasard
Publié dans Le Temps le 28 - 12 - 2007

Qui ne connaît pas Belgacem dans le milieu turfiste ? Qui ne connaît pas la silhouette si particulière de Belgacem, puisqu'il faut l'appeler ainsi, dans le monde hippique ? Belgacem joue, mise, c'est ce qu'on appelle un parieur, un vrai, un mordu.
Comment j'ai rencontré Belgacem ??
Mettons cela bêtement sur le compte du hasard. Il pleuviotait ce matin là, un mardi, un crachin fin, glacial, régulier, monotone. Besoin urgent d'une boisson chaude. Un café de l'avenue, je m'engouffre. Tables rondes, faux marbre, pour faire bistrot d'antan : c'est raté avec tout le néon aveuglant et la musique au maximum des décibels. Je regarde partout. Pas de place libre. Beaucoup de jeunes couples, qui n'ont plus le temps de prendre leur petit déjeuner chez eux, se dépêchent d'avaler rapidement un crème et n'importe quelle sorte de brioche, avant d'aller chacun de son côté. Un monsieur, bien rond, la quarantaine bien accomplie, casquette genre Schumakher bien enfoncée sur les yeux, semble s'ennuyer à attendre quelqu'un. Il me voit chercher une place, il m'invite d'un geste discret. C'est ainsi que je me suis trouvé à la même table que Belgacem.
Gêne sensible, lorsqu'on s'introduit dans un espace supposé être à la disposition d'autrui. Sourires réciproques. Puis il ouvre son journal « Le Temps », figurez-vous. Je souris d'étonnement, parce que je le vois aller directement vers l'une des dernières pages, faisant l'impasse sur la « une », sur les pages sportives, sur le reste aussi...Il semble n'y voir aucun intérêt . Il précède ma question muette. « Figurez-vous, mon bon monsieur, que c'est le journal qui donne les informations les plus complètes pour un parieur, turfiste, comme moi. Ce journal est unique sur la place ». Cela facilite le contact, et je me garde de dévoiler ma relation avec notre journal.
Ancien prothésiste, « actuellement pensionné » me dit-il avec un je ne sais quoi d'ironique dans le regard. Ancien chasseur, il connaissait mon cousin Mohamed, dentiste, « une relation de chasse aussi. » Il a des manies et des habitudes immuables des célibataires, « je n'ai ni femme, ni enfants ». Chaque matin, il prend son café au même endroit. C'est là où il concocte tranquillement ses éventuels paris, il ne joue pas systématiquement, il ne joue pas tous les jours, il ne joue pas gros. Il préfère ce coin où il se sent anonyme, aux lieux connus des turfistes, avec tous les commentaires de ceux qui croient savoir.
Comme tous les parieurs, il reconnaît être superstitieux, « m'asseoir au même endroit, pratiquement à la même table, le même angle par rapport à la porte, pour faire mes choix », éviter de porter telle chemise, rencontrer telle personne. Il ne dit pas tout. Il a certainement d'autres certitudes, de ce genre, qu'il garde pour lui. Cela fait partie justement de ses croyances, propres à lui.
Comme tous les vrais connaisseurs, il ne joue pas par hasard, ni dates de naissance, ni numéros de série de voiture, ni chiffres supposés être bénéfiques, ou dérivés de calculs compliqués. Il connaît les chevaux, il connaît leurs pedigrees, leurs parcours, les entraîneurs, les jockeys, certains propriétaires, presque tous les parieurs de son âge, les distances, les terrains.
Il m'explique gentiment ce que j'ignore absolument. L'abc, mes premiers pas dans ce monde obscur. Une initiation. Par exemple, il sait que tel cheval qui a couru quatre ou cinq fois avec des concurrents un peu plus forts que lui, qui n'a donc jamais gagné, toujours placé parmi les derniers, et très vite « déclassé » donc, peut, dans ce cas, courir avec des chevaux de sa taille ou un peu plus lents que lui. Il faut justement le savoir, et c'est là où on peut gagner gros.

Savoir décoder avant tout
Il est intarissable quand il se laisse aller aux confidences. Il me donne un cours : « pour qu'un cheval gagne, il faut tenir compte de la monte, du handicap, de l'état du terrain, des adversaires ». Des combines ?? Un silence, puis : « Je ne sais pas. Moi, je suis joueur, tu comprends ça ? Je prends un énorme plaisir à parier et attendre, en haletant parfois, l'arrivée. C'est le moment grandiose. Je joue pour attendre, juste ce moment !!! ». Je découvre enfin le mécanisme intérieur qui fait qu'on devienne « accro », c'est d'abord cette jouissance faite d'inquiétude à l'arrivée d'une course. De l'angoisse pour avoir un instant de plaisir !!! Des turfistes qui gagnent régulièrement ? En gros, un vrai joueur rejoue ce qu'il gagne et il perd toujours. Le turfiste joue d'abord contre les autres parieurs, faut pas l'oublier». Si on comprend bien, un parieur est obligatoirement perdant. Seuls sortent la tête de l'eau ceux qui « ont eu un bon quarté dans l'ordre et avec des cotes assez invraisemblables ».
Tout un langage, un code à lire et à décrypter. Savoir que c'est que jouer « au simple », au « doublé ». Savoir détecter les chevaux « sous cotés » des « rosses surcotés ... ». Etre « informé », pêcher le bon « tuyau », pouvoir analyser la masse d'informations proposées par tous les journaux « spécialisés », et les autres qui le sont moins. Toute la science, le savoi-faire, c'est de pouvoir mettre en équation l'historique des performances passées des concurrents de la même course, les compétences des jockeys, la météo, et d'autres paramètres. Maintenant, avec Internet et toute l'informatique, on peut se constituer des archives, se constituer des bases de données, devenir un vrai pro : « aujourd'hui des logiciels très performants sont mis à disposition des parieurs, qui ne font que cela, pour savoir répartir les mises en fonction des statistiques »...
Mais ça, c'est une autre façon de jouer..... L'ami Belgacem reconnaît être loin de tout cela. Il reste un amateur très conscient.


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