Un ouvrage collectif associant dix chercheurs vient de paraître dans une édition dirigée par Oissila Saaidia, directrice de l'Institut de recherche sur le Maghreb contemporain à Tunis. Un travail de fond qui, au-delà de sa qualité académique, s'adresse au grand public et rend compte des longues semaines de confinement du point de vue des chercheurs en sciences sociales. L'Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (IRMC) vient de publier avec les éditions Nirvana, un ouvrage intitulé "Vivre au temps du Covid-19". Il s'agit de chroniques du confinement qui consistent en des regards croisés de plusieurs chercheurs depuis la Tunisie. Dix chercheurs face au confinement Cet ouvrage a été réalisé sous la direction de Oissila Saaidia, directrice de l'IRMC, et prend donc la forme d'un livre collectif rédigé sous forme de courtes chroniques. Dix chercheurs en sciences humaines et sociales ont contribué à ce livre qui vient de paraître. Ces chercheurs de différentes disciplines nous donnent à lire non pas un livre académique mais un ouvrage à destination d'un large public. De plus, cet ouvrage est le premier en Sciences Humaines et Sociales à être publié sur le Covid-19 en Tunisie, mais sa portée dépasse ce seul pays. En effet, le livre s'articule autour d'une série d'articles et propose aussi des points de référence comme une chronologie de la pandémie du coronavirus en Tunisie et dans le monde. L'ouvrage de 200 pages s'ouvre sur une introduction de Oissila Saaidia qui pose les enjeux de ce livre et analyse la posture du chercheur dans ce contexte de pandémie. D'ailleurs, cette problématique du chercheur confiné et de son rôle revient dès les premières chroniques de l'ouvrage à travers un deuxième article de Saaidia et aussi par le biais d'un témoignage de Kmar Bendana qui raconte une itinérance entre Berlin et Tunis. Carnets d'observation et démarche chronologique Dans ce livre, les différents auteurs abordent plusieurs aspects et interviennent à plusieurs reprises avec des articles qui s'intéressent aussi bien aux inégalités de genre, de classe sociale ou d'accès au savoir. La mobilisation de la société civile est également abordée par plusieurs auteurs qui s'intéressent également à des questions d'actualité comme la disparition de la semoule du marché ou les sépultures des corps infestés. Véritable kaléidoscope à plusieurs mains, ce livre est structuré chronologiquement, en deux grandes parties, intitulées "Avril" et "Mai". Cette manière de procéder laisse beaucoup de latitude aux chercheurs qui procèdent comme pour un carnet d'observations qu'ils consigneraient au jour le jour puis harmoniseraient dans un ou plusieurs articles. Citons parmi les auteurs Mohamed Slim Ben Youssef, Jamie Furniss, Khaled Jomni, Kmar Bendana, Marta Luceno Moreno, Monia Lachheb et Betty Rouland. La coordination de l'ouvrage est assurée par Oissila Saaidia avec le concours de Hafedh Boujmil pour les éditions Nirvana. Nous reviendrons sur le contenu de cet ouvrage qui, soulignons-le, constitue la première publication à la fois scientifique et ouverte, à paraître dans la région maghrébine. Coup de chapeau à l'IRMC et son équipe de chercheurs qui nous introduisent dans une dimension analytique de la période du confinement. Une oeuvre utile qui fera date non seulement pour ses qualités intrinsèques mais aussi pour la trajectoire de travail, d'observation et de relation choisie par les auteurs.