A cause des prix et autres détails dont seuls les spéculateurs ont le secret, plusieurs citoyens nous ont dit avoir vu, ce printemps, s'achever, du jour au lendemain, la saison des fraises sans avoir pu en manger le moins du monde. Mais, si les fraises ne sont entrées que tardivement dans les habitudes alimentaires des Tunisiens, au rythme où va l'offre, ils risquent de se voir priver bientôt des nombreux fruits de la saison estivale, telles les figues, fruit ancestral auquel la Tunisie, pays aux milles vergers, s'est identifiée, depuis les époques les plus reculées au même titre que les olives et les dattes, entre autres. Une première livraison en a été offerte, il y a quelques jours, au prix de 6 dinars 500 millimes le kg, dans quelques grandes surfaces de distribution, devenues, soit dit au passage, des références pour la fixation des prix chez les marchands, et il est peu probable que ces prix baissent en cours de saison, car déjà, signe révélateur, depuis cette première livraison, on n'en a pas vu dans les rayons. Les autres fruits d'été, telles les pêches, les raisins, les pastèques, les melons, connus et cultivés en abondance, partout, en Tunisie, depuis des millénaires, suivent le même chemin, devenant, sur leur sol, comme des fruits exotiques. Le kilogramme de raisins noirs est proposé à 3 dinars 600 millimes. Comme l'a noté un commentateur, tout indique que nos fruits de saison vont devenir inaccessibles pour la majorité des citoyens, à l'instar des dattes de la variété supérieure dites Deglet Nour, ou encore l'huile d'olive dont la Tunisie est l'un des plus gros producteurs dans le monde. Destinée à l'exportation, l'huile d'olive a été toujours chère, dans son pays, la Tunisie, au point qu'elle s'était éclipsée un moment de la cuisine tunisienne, ce qui a fait dire un jour à un ministre qu'elle ne faisait pas partie des habitudes alimentaires des Tunisiens, pour justifier sa cherté. Mais, ces dernières années, sa demande a repris et au lieu de baisser, ses prix ont augmenté d'une année à l'autre, atteignant, actuellement, le plancher de 12 dinars, quoiqu'elle soit proposée, par moments, à un prix inférieur et plus ou moins accessible lorsqu'il y a surproduction et des difficultés d'exportation. Les dattes dites Deglet Nour ont vu également leur prix flamber d'une année à l'autre, atteignant actuellement le plancher de 12 dinars le kg. Dépôts frigorifiques Les figues sèches, une spécialité tunisienne et nord-africaine ancestrale, sont vendues à des prix allant jusqu'à 36 dinars le kilogramme. La cause est moins la valeur intrinsèque du produit qu'une manière de tirer profit de cet ancien procédé de conservation. Aussi, le même commentateur a accusé les profiteurs et les spéculateurs d'avoir usé des nouvelles techniques de conditionnement dans les dépôts frigorifiques pour dicter leur loi, car, les agriculteurs se plaignent aussi d'être exploités. S.B.H.