Retour exaspérant à la case départ après un peu plus de 8 mois des élections et un air de déjà-vu, écrasant, qui finit, sentiment inéluctable, par ruiner le moral des Tunisiennes et des Tunisiens, décidément harassé(e)s de regarder, sans pouvoir réagir, la classe politique du pays se mordre continuellement la queue depuis un bon bout de temps, à l'heure où une crise économique et sociale aigue, et désormais chronique, semble atteindre actuellement son comble. Qui succédera au Fakhfakh démissionnaire ? Une nouvelle phase de manigances, d'intrigues et de lobbying « enragé », doublée d'une course effrénée vers l'inconnu, pointe encore le bout de son nez. Le feuilleton recommence... Précipité par une louche affaire de conflit d'intérêt, le départ prématuré de Fakhfakh, n'a provoqué, en réalité, aucune surprise, étant bien trop prévisible depuis le début, compte-tenu de l'extrême éclatement de la composition du parlement actuel, aiguillonné encore par les querelles de clochers, soutenues à un rythme horriblement quotidien, de ses députés de locataires. Ce départ, on le savait tous, a été prémédité, si ce n'est acté, depuis le début, par le mouvement Ennahdha, qui n'a accordé le vote de confiance, à un moment donné, que pour éviter le scénario des élections anticipées, inévitable dès lors d'après la constitution, après le premier échec de son candidat, Habib Jemli, à récolter les voix nécessaires pour installer un gouvernement. Les noms des successeurs éventuels de Fakhfakh, qui a n'a pas manqué de tenir tête aux chantages du mouvement islamiste sur fond d'un scandale de conflit d'intérêts, circulaient déjà depuis fin février... Une pléthore de noms... Officiellement, le président de la République, Kaïs Saïed, a envoyé, vendredi, une «correspondance» aux partis, aux coalitions et aux blocs parlementaires, leur demandant de présenter, par « retour de correspondance », leurs candidats potentiels au poste de président du gouvernement. La Présidence de la République a fixé, comme dernier délai, le mercredi 22 juillet prochain. Encore une fois, le Président de la République a opté pour des « concertations» à distance, posture jugée hautaine par certains, et qui n'a pas manqué d'exaspérer certains partis politiques, Ennahdha et Al Karama en premier lieu, qui ont critiqué le «snobisme» du Président. Sur le terrain, le lobbying bat déjà son plein depuis quelques jours, aussi bien dans les coulisses que, décidément, à visage découvert, dans les couloirs de l'ARP, dans les locaux des formations politiques, dans les bureaux ou dans les hôtels, et même –figurez-vous !- dans les cafés populaires, à en croire certaines photos « paparazzesques » qui circulent actuellement sur les réseaux sociaux. A l'heure où la presse nationale se plait tant à faire le « profiling » pour le futur président du gouvernement, histoire de meubler l'attente, en s'interrogeant sur les caractéristiques «idéales», ou du moins «optimales», du «personnage», les «acteurs» politiques s'adonnent, eux, à qui mieux mieux et à chacun ses marottes et ses intérêts, à un jeu de manigances et d'intrigues, en vue de participer à la danse et à se positionner, autant que faire se peut, dans cette partie de «casting» qui s'annonce déjà plus que jamais «sauvage». En tête d'affiche, comme d'habitude, il y a les noms « traditionnels », qui reviennent au-devant de la scène à chaque changement de gouvernement, entendez les Hakim Ben Hammouda, Fadhel Abdelkéfi, Mongi Marzouk, etcetera, qualifiés généralement d'hommes «de consensus», capables à l'occurrence de mettre en total accord les partis les plus opposés, et à récolter par exemple les voix, d'Ennahdha et du PDL, –chose extraordinaire, mais qui n'a pas l'air d'impressionner Kaïs Saïed et qui ne manque pas d'attirer, de facto, et pour cette même raison, les suspicions du président de la République. Lequel n'a pas hésité de choisir par le passé la «personnalité» la moins «consensuelle». Considérés «proches» du président, les noms de Mohamed Abbou, de Ghazi Chaouachi, et même de Youssef Chahed, comme cheval de retour, circulent fortement en ce moment sur les réseaux sociaux. Côté femmes, le nom de Loubna Jeribi «parrainée» comme Fakhfakh par Mustapha Ben Jaafar, devenu décidément lobbyiste, ou de Nadya Akecha, actuelle cheffe de cabinet du président de la République et sa femme de confiance, sont proposés avec force. D'après les indiscrétions du côté de Montplaisir, il se murmure que le mouvement Ennahdha, de très mauvais poil, ces temps-ci, tend plutôt à proposer au président de la République, les six ministres limogés par Fakhfakh, entendez les Abdellatif Mekki, Anouar Maârouf, Ahmed Gaaloul, Lotfi Zitoun, Moncef Selliti, et Slim Choura. S.B.Y.