Le Temps-Agences - Nicolas Sarkozy a fait hier au Caire ses premiers pas de président français sur la scène diplomatique proche-orientale en demandant à Israel "des gestes" envers les Palestiniens et en durcissant le ton vis-à-vis de la Syrie dans la crise libanaise. Attendu au tournant par tous ceux qui dans le monde arabe s'inquiètent de sa proximité affichée avec Israël et les Etats-Unis, le chef de l'Etat français a tenu, lors d'une conférence de presse avec M. Moubarak, à rassurer sur la continuité de la politique de la France dans la région. Prenant l'exemple des négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens, M. Sarkozy a ainsi demandé à ses "amis israéliens" de "faire des gestes" immédiats pour favoriser la naissance d'un "Etat palestinien moderne, démocratique et indépendant". "J'ai dit à plusieurs reprises (...) que c'était le moment pour Israël de faire les gestes qui permettraient de prouver que la paix est possible, y compris sur l'arrêt de la colonisation, de l'implantation des colonies", a-t-il déclaré. "Notre position (vis-à-vis d'Israël), elle est constante, être un ami fidèle, ce n'est pas être un ami complaisant". Nicolas Sarkozy a également nettement durci le ton vis-à-vis de la Syrie, en annonçant qu'il n'aurait plus de contact avec Damas jusqu'à l'élection d'un "président libanais de large consensus". "Il est venu le temps pour les Syriens de prouver dans les faits ce qu'ils ne cessent de proclamer dans les discours (...). Nous attendons maintenant des actes de la part des Syriens et non pas des discours", a-t-il affirmé. Le chef de l'Etat français avait rompu avec la politique de son prédécesseur Jacques Chirac, qui avait suspendu tout contact avec la Syrie depuis l'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri en 2005. Il a ainsi appelé le président syrien Bachar Al-Assad fin novembre et dépêché deux fois à Damas le secrétaire général de la présidence Claude Guéant. L'annonce de M. Sarkozy a été accueillie par un député de la majorité libanaise anti-syrienne, Waël Bou Faour, comme le signe de "la désillusion" de la communauté internationale à l'égard de Damas. Pour sa part, M. Moubarak a décrit l'impasse au Liban comme "dangereuse", appelant Damas à "user de toute son influence au Liban". Lors de leur entretiens, MM. Sarkozy et Moubarak ont également évoqué le projet, porté par le président français, d'Union de la Méditerranée. "Nous souhaitons faire en sorte que l'Egypte et la France se mettent d'accord sur un pré-papier de façon à ce que le sommet qui se réunira le 13 juillet à Paris soit conclusif", a indiqué M. Sarkozy. Sur le plan bilatéral, le Français a assuré à son homologue égyptien "la disponibilité de la France" pour coopérer en matière d'énergie nucléaire avec Le Caire, qui vient de relancer son programme nucléaire civil. Aucun accord ou même perspective d'accord n'a toutefois été annoncé.