* Les deux conjoints au boulot du matin au soir, les enfants sont appelés à s'assumer mais, chacun à sa manière. Le travail de la femme a, certes, renforcé les ressources de la famille et de la société. Mais, il a été également à l'origine d'une nouvelle répartition des tâches au sein du foyer. Fini « Si Essayed », le mâle souverain et place à un nouvel équilibre qui a touché, entre autres, la prise en charge des enfants. L'encadrement des enfants constitue un véritable casse-tête chinois pour les familles tunisiennes. D'ailleurs, ce problème commence dès la naissance d'un nouveau-né, surtout pour les mères qui sont appelées à reprendre le travail alors que leurs bébés sont, à peine âgés de deux mois. La question de la garde se pose, aussi, pour celles qui prennent quatre mois de demi-solde et, celles qui obtiennent, même, deux ans de mise en disponibilité pour élever leurs enfants. En outre, cette problématique d'assistance ne se limite pas à la petite enfance, elle s'étend aux enfants jusqu'à 12 ans et touche, également, les adolescents et les jeunes qui ont, certes, besoin d'une autre variété d'encadrement mais, ils ont, néanmoins, besoin d'une prise en charge. Donc, c'est un sujet équivoque pour chaque famille qui a des enfants et il conditionne la vie de tous ses membres qui se retrouvent dans l'obligation de se répartir cette tâche, selon leur emploi du temps en plus de l'assistance fournie par l'aide ménagère et les structures extérieures (crèche, jardin d'enfants, garderie, etc....). Mais, il est important de savoir de quelle manière cette assistance est-elle accordée et quelles sont ses conséquences sur la famille et les enfants ?
Communication réduite Lorsque les deux conjoints travaillent, les enfants - en bas âge - sont obligés d'aligner leur emploi du temps sur celui de leurs parents. Donc, la mobilisation générale se déclenche quotidiennement à 6h30 du matin. Il y a une obligation de timing qui impose de quitter le logement familial aux alentours de 7h pour pouvoir déposer les enfants et arriver à temps au boulot. C'est le début d'un parcours de combattant qui a été, toutefois, focalisé sur un ménage motorisé pour éviter de soulever les tracas du transport en commun et où on a évité de s'étendre sur les questions d'embouteillages et de parking pour s'intéresser exclusivement au stress dû à la gestion du quotidien familial. Donc, les parents sont au boulot. Généralement, ils ne rentrent pas à midi par contrainte de temps. Les jeunes enfants sont entre les écoles, les garderies, les jardins enfants et les crèches. Quant aux adolescents et aux jeunes, ils rentrent au bercail familial à midi pour s'alimenter s'ils ne prennent pas de fast-food avec leurs copains. Ainsi, la famille ne se réunit de nouveau qu'à partir de 19h, voire plus tard. Ces retrouvailles sont, toutefois, entachées d'occupations diverses pour chacun. Il y va du dîner, du déjeuner du lendemain, des tâches quotidiennes, etc. Il n'est pas évident de trouver du temps pour s'intéresser aux enfants. Les plus petits sont fatigués et ils se couchent vers 20h30, juste après le dîner. Ils ont eu à peine le temps de faire la bise à leurs parents. Les plus grands font leur révision, des cours particuliers ou des cours de soir et il faut les ramener à la maison. C'est la partie nocturne de la course contre la montre qui se termine à 21heures et qui appelle à la mobilisation des deux parents. Ce n'est qu'alors qu'il serait possible de penser à s'occuper de ses enfants si jamais ils ne sont pas pris par leurs études. Le tableau de charges familiales ne permet qu'un contact réduit entre les membres d'une même famille. Les enfants ne trouvent pas de temps opportun pour exposer leurs problématiques. Les parents n'en disposent pas, non plus, pour asseoir une complicité avec leur progéniture. Une telle situation a des conséquences évidentes sur l'éducation des enfants.
Palier la cassure A ce rythme, l'éducation du bébé est partagée entre la crèche et la bonne couchante. Celle du jeune enfant est répartie entre l'école et la garderie. Quant aux plus grands, c'est plutôt l'entourage qui forge leur personnalité. Leurs parents ne trouvent pas suffisamment de temps pour eux. Un tel tableau pourrait passer inaperçu s'il n'y avait pas fréquemment des accidents de parcours. D'une part, les jeunes enfants tombent souvent malades. D'autre part, les résultats scolaires des autres ne sont pas très brillants. Ces alertes ramènent les parents à l'amère réalité. La famille n'est pas aussi soudée que cela a l'air. Les parents ne sont même pas informés de ce qui arrive à leurs enfants. Le suivi est très relatif. D'ailleurs, c'est ce qui explique le rabattement systématique sur les cours particuliers qui représentent un véritable fléau en Tunisie. En effet, les parents ne disposent pas de temps pour veiller directement à la scolarité de leur progéniture. Ils sont dans l'obligation de léguer cette tâche. Certes, une telle situation influe sur la famille et sur les enfants. Les sociologues trouvent que : « la complicité entre les différentes composantes de la famille se réduit à son strict minimum. Les enfants cherchent la complaisance de celui qui est le plus près d'eux. Parfois, ils n'en trouvent pas et ils sombrent dans l'isolement. D'autres fois, ils se consacrent corps et âme à leurs études et ils y excellent. Dans d'autres cas, ils dérapent d'une façon ou d'une autre. Pour éviter cette cassure, il est nécessaire d'instaurer un rituel de concertation au sein de la famille. Par exemple, si on sacralise le dîner familial et on lui accorde suffisamment de temps pour que chacun puisse parler de sa journée. Cette plage horaire commune permettrait de souder les liens familiaux. En plus, il faudrait créer la tradition des vacances familiales. Toute la famille est appelée à se réunir les dimanches, et s'accorder une fois par mois, ou tous les deux mois, des vacances même pour un week-end. De telles pratiques permettent d'ancrer les liens et de raffermir la complicité. »