L'épidémie du coronavirus progresse en Tunisie. Il y a peu de moyens pour se soigner. La prévention reste l'une des meilleures mesures à prendre. Le recours aux remèdes naturels peut également constituer une solution alternative pour renforcer l'immunité, lutter et prévenir cette maladie, et sont très prisés. Les plantes médicinales (PM) et les ״médicaments״ d'origine végétale, passent, dans l'esprit de la population, pour être efficaces et bien tolérés parce que naturels et faisant partie de la médecine «douce». Cette confiance en la nature n'est-elle pas un peu aveugle et dangereuse? Les plantes médicinales. Peu chères, voire gratuites si on les récolte soi-même, elles renferment des principes actifs qui peuvent nous remettre rapidement sur pieds. En Tunisie, le secteur des PAM contribuait en 2013, "en moyenne, à hauteur de 0,8% à la formation de la valeur de la production agricole de 1% à l'effort d'exportation". La superficie totale des plantes aromatiques et médicinales (PAM) cultivées en Tunisie était estimée à 4 550 hectares; dont 1 396 hectares pour les seules plantes médicinales. On compte plus de 2000 espèces de plantes. Ainsi, ceci fait de la Tunisie "un véritable réservoir phyto-génétique", eu égard à sa nature tant méditerranéenne que saharienne. De nombreux Tunisiens se ruent sur des plantes médicinales traditionnelles pour éviter le coronavirus. Il s'agit notamment du clou de girofle (kronfol) et d'eucalyptus, des plantes réputées pour dégager les voies respiratoires. Origan, gingembre frais, armoise, réglisse et bien d'autres plantes ont la côte en ces temps de Coronavirus où les échoppes d'herboristerie, nombreuses à travers les ruelles et souks de la capitale, sont prises d'assaut par une population, déjà acquise à la médecine traditionnelle, afin d'acheter des remèdes capables de renforcer le système immunitaire ou soigner des pathologies Sami, herboriste reconnait que le nombre de clients, toutes franges sociales confondues, a considérablement augmenté depuis l'apparition de la pandémie, ajoutant que les plantes les plus demandées sont le gingembre frais, l'armoise, le clou de girofle, la menthe, la réglisse, le curcuma et l'huile de cade. « Les gens ont peur de mourir. Ils veulent, coûte que coûte, se protéger contre ce maudit virus. Les herbes, c'est du naturel. Elles ne tuent pas de toute façon, même si elles ne guérissent pas », plaisante un jeune épicier qui souligne que faute de traitement, la population revienne à la tradition, tout en rappelant cependant: qu'actuellement il y a ni médicaments ni plantes miraculeux contre le nouveau coronavirus » La phytothérapie, les herboristes et marchands d'épices ont bien, profité de la psychose liée à cette pandémie Les plantes contiennent des composés chimiques tout aussi puissants que ceux que renferment les médicaments sur ordonnance. Les PM étant actives sur le plan pharmacologique, peuvent être responsables d'effets nuisibles, dangereux, voire mortels nécessitant une vigilance continue. Elles ne sont pas efficaces contre la Covid-19 qui nécessite une prise en charge médicale en infectiologie. L'OMS, fait observer que de nombreuses plantes et substances sont proposées alors qu'elles ne répondent pas aux normes minimales de qualité, d'innocuité et d'efficacité et qu'aucun élément factuel n'atteste du respect de ces normes. « L'utilisation de produits destinés au traitement de la Covid-19, mais qui n'ont pas fait l'objet d'investigations strictes, peut mettre les populations en danger et les empêcher d'appliquer des mesures telles que le lavage des mains et la distanciation physique qui pourtant sont des éléments cardinaux de la prévention de la Covid-19. Cela peut aussi accentuer le recours à l'automédication et accroître le risque pour la sécurité des patients », conclut l'OMS. K.B